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Lettre d'opinion | Projet de loi 10 : la mission dépendance, un dommage collatéral

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10 novembre 2014
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Sébastien Roy
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Par Sébastien Roy, Journaliste

Le 5 novembre dernier, l’Association des centres de réadaptation en dépendance du Québec (ACRDQ) est venue déposer son mémoire à la Commission de la santé et des services sociaux concernant le projet de loi 10, qui prévoit la fusion de tous les établissements de santé pour devenir une seule et même structure imposante. Rappelons que pour la Montérégie, on parle d’une organisation de plus de 30 000 employés regroupant dix-huit établissements sur un territoire d’environ 11 000 km2. Lors de son passage devant la commission parlementaire, l’ACRDQ a mis en lumière certaines de ses craintes face au projet de la loi, telles que la fragilisation de la mission dépendance au sein des futurs centres intégrés de santé et services sociaux (CISSS).

En effet, la dépendance sera la plus petite des missions fusionnées et elle représentera seulement 0,6 % du budget et des effectifs du futur CISSS de la Montérégie. Dans ce contexte, l’ACRDQ a proposé une série de mesures afin d’assurer une certaine pérennité de la mission dépendance au sein des CISSS. Les principales modalités visent la protection des budgets dépendance et la reddition de comptes qui devrait être exigée par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Globalement, ces mesures se veulent une façon de s’assurer que les sommes dédiées à la dépendance soient dépensées pour la dépendance et qu’elles ne puissent pas servir à d’autres fins, comme renflouer des postes budgétaires déficitaires. À ces propositions, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, s’est montré ouvert, voire même en accord.

Cela dit, pour le Centre de réadaptation en dépendance (CRD) Le Virage qui dessert l’ensemble de la Montérégie, la question reste entière : quels gains la dépendance fera-t-elle grâce à cette réforme?

Dans le cadre du projet de loi 10, l’ensemble des mesures proposées relativement à la dépendance vise essentiellement le maintien des acquis des CRD… sans plus. Cette fusion entraînera invariablement une dilution des services spécialisés en dépendance et de l’expertise acquise. Ceux-ci peineront à faire valoir les enjeux spécifiques à cette clientèle au sein d’une structure si imposante.

Pourtant, devant une réforme de cette ampleur de la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux, nos attentes étaient toutes autres. Nous nous serions attendus à des retombées concrètes et positives pour nos usagers et notre offre de services.

Bien au contraire, non seulement nous ne voyons pas les gains à terme, mais en plus le projet de loi nous retire un outil de taille : notre conseil d’administration. Le Centre de réadaptation en dépendance Le Virage a toujours pu compter sur un conseil d’administration bénévole dynamique qui a été un outil fondamental du développement des services spécialisés en dépendance en Montérégie. L’absence de groupe de pression en dépendance a fait en sorte que le conseil d’administration a été très actif dans la défense des besoins en matière de dépendance. De plus, le centre, grâce à sa taille restreinte a toujours été en mesure de gérer de façon performante sa prestation de services, d’établir des ententes de partenariat adaptées aux besoins d’une clientèle particulière et développer des expertises qui sont devenues des incontournables pour les autres centres en dépendance au Québec.

Cet ardent défenseur de la mission dépendance, composé de membres provenant de différents milieux, tels que les centres hospitaliers, le milieu universitaire, la fondation, la population, les employés, a comme seule et unique préoccupation le développement et la qualité des services offerts en dépendance. C’est un porteur de dossier exceptionnel qui fait des représentations auprès des différentes instances de la Montérégie. Alors nonobstant les gains que pourraient avoir une telle fusion, le conseil d’administration du centre a bien plus le sentiment d’être un dommage collatéral de cette fusion qu’autre chose.

Dans le contexte actuel, nous sommes heureux de constater l’ouverture du ministre de la Santé envers les propositions de notre association, mais nous demeurons convaincus qu’un membre du conseil d’administration du CISSS nommé par le ministre, venant d’un ancien conseil d’administration ne pourra combler tout l’apport d’un conseil d’administration spécifique composé de bénévoles dédiés seulement à la dépendance. De par mon expérience de plus de vingt ans au sein du conseil d’administration du Centre de réadaptation en dépendance Le Virage, je crois fermement que seul un conseil d’administration entièrement dédié à la dépendance demeure le meilleur véhicule pour assurer la pérennité et le développement de l’offre de services offerts aux personnes ayant un problème de dépendance.

Ronald Tremblay
Président du conseil d’administration
Centre de réadaptation en dépendance Le Virage

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