Nous joindre
X
Rechercher

L’erreur est humaine

durée 11h10
13 mai 2016
Patrick Richard
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Patrick Richard

Je suis un gros cave. En fait, je suis un être humain et parfois, l’être humain est un gros cave. Ou un gros tata… Mais il ne faut pas se le répéter trop souvent, car depuis le temps que vous le savez, toutes ces mauvaises pensées s’incrustent dans notre subconscient et nous finissons par croire que nous sommes réellement cons alors qu’il n’en est presque rien. Combien de fois vous vous traitez de niaiseux quand vous faites une jolie gaffe bien involontaire (quoique les gaffes volontaires n'existent pas encore)? Comme je le répète quotidiennement à mes enfants, « Vous pourrez vous traiter de tarlaises le jour où vous démembrerez une personne qui ne vous a rien fait ».
« Qu’est-ce que ça veut dire démembrer papa? »
J’en étais à ces insignifiantes réflexions l’autre matin quand je me suis souvenu d’une parole qu’un thérapeute exceptionnel m’avait dite un jour pour ne pas oublier notre humanité en tous points imparfaite : n’oubliez pas, les parfaits, vous allez faire deux-trois grosses erreurs par année et tout plein de petites quotidiennes. Le but est d’essayer d’apprendre de ses erreurs, d’en faire un peu moins, de les espacer un peu plus et de ne pas se verser un char d’insanité par la tête quand on en fait. Je vous le dis et je me le dis en même temps. Nous sommes rendus là dans notre relation. À nous dire les vraies affaires. Je me le dis parce que l’autre jour, un jour récent compris dans la fourchette de la semaine passée et les sept derniers jours, j’ai confectionné un beau gâteau aux bananes de type Fête des mères avec une de mes filles. Ajoute ceci, mélange cela, le tout dans une ambiance festive d’un papa qui essayait de tout faire en même temps. Je mets le gâteau à 350 chauds degrés et vais prendre ma douche (après avoir cuisiné, j’ai souvent besoin de prendre ma douche). Puis le temps passe. Dans la douche, je crie à ma chérie d’aller vérifier le gâteau parce que l’alarme du four vient de sonner. Elle remonte avec un point d’interrogation suspendu au-dessus de la tête.
« Ton gâteau bout mon amour.
- Mon gâteau bout? 
- Oui, de la gibelotte. Rien à faire avec ça. As-tu oublié un ingrédient?
- Non, que je lui dis. Des bananes, des œufs, de la poudre à pâte, de la petite vache, une petite goute de vanille … Ah ben, ajoutais-je en sacrant, j’ai oublié la farine! »
Et c’est ainsi qu’un samedi de mai, j’ai cuit un gâteau aux bananes sans farine. Avez-vous déjà essayé de cuire un gâteau aux bananes sans farine? Exactement : le mélange bout. J’ai réussi à récupérer ce mélange, à ajouter de la farine chez mon beau-père et à cuire le vrai gâteau (en fait, c’est ma chérie qui l’a récupéré, mais je trouvais ça beau deux hommes le jour de la fête des Mères cuire un gâteau pour leur femme. Parlant de mon beau-père, je suis toujours étonné de ne rien trouver dans son garde-manger de toutes ces petites choses  que tout le monde a comme la farine, le sucre ou le beurre à la base de nombreux repas alors que lui, chef cuisinier français, réussit à confectionner des mets dignes d’un guide Michelin là, devant ta face, avec une feuille de laitue, un peu de ci et surtout, un petit brin de cela. Ce même beau-père qui m’a déjà servi de la cervelle de singe un de ces jours où j’étais un peu moins cave ou du magret de canard dans un voyage de pêche. Merci, Jean, tu es un gentil Français)
Bref, voilà pour ma petite niaiserie quotidienne. 

La grosse gaffe annuelle maintenant.
Il y a moins d’un mois, je roulais au volant de la toute nouvelle voiture de ma chérie fraichement sortie du garage. Une semaine dans le corps, la petite décapotable. Elle était fière, ma petite femme, et voilà son petit char avec tout l’amour qu’une femme peut avoir pour un homme aussi gaffeur que moi. Un dimanche, je roule vers un important match de hockey cosom avec les mauvais bâtons, car le match d’avant, j’étais parti avec ceux d’un autre joueur. Des bâtons droitiers. Je suis gaucher. Je joue mon match avec mes bâtons récupérés et je le termine sous les applaudissements de mes enfants venus me voir jouer à l’occasion de ma fête. De retour dans la voiture, j’installe mes bâtons dans la décapotable et roule avec deux de mes filles. Stationnée dans notre entrée, la voiture, dans laquelle ma grande me demande : 
« Papa, on peut ouvrir le toit? »
J’hésite et me laisse convaincre. 
« D’accord, ouvre-le. »
Bouton. Peser le bouton. Une seconde. Deux secondes Trois secondes. Crac et CRAC, et RECRAC. Les bâtons empêchent le toit de bien ouvrir et font éclater la vitre arrière en mille miettes. Consternation, je cherche la manette pour reculer la scène. Un vieux film Beta loué dans un club vidéo me passe par la tête (Volunteers, avec Tom Hanks et John Candy). Ces films qu’il fallait reculer avant de les rapporter sous peine d’amende. 

Gros cave. 
Criss. 
Nous sommes imparfaits mes amis. En tout cas, moi je le suis. Je fais toujours de belles gaffes : paner du poisson avec du sucre en poudre ou entendre la nouvelle d’un voleur tué à la télé et dire tout haut que c’est peut-être ce qu’il méritait AVANT que mon collègue de travail me dise que c’est son oncle. Nous sommes imparfaits et je me demande tout le temps pourquoi les gens dedans la télé, les journaux et la radio ne s’excusent jamais. Personne ne fait plus d’erreurs. Suis-je le seul cave dans l’avion?

Patrick Richard
[email protected]

commentairesCommentaires

0

Pour partager votre opinion vous devez être connecté.