À quelque 1 450 kilomètres d'ici, dans le Mid-West américain parsemé de meules de foin et de champs de maïs, Geneviève Leblanc et Frédéric de Villeneuve menaient leur vie entre les pâtisseries et les chocolats. Il y a presque un an, les deux exilés apportaient leur savoir-faire de l'Indiana à Chambly avec l'ouverture de leur chocolaterie, La Maison Gourmande.

« Un contact nous avait dit qu'un de ses amis québécois en Indiana cherchait un chef pâtissier. On venait d'acheter notre maison de rêve. Notre fille avait 2 ans. Au début, on s'est dit qu'il n'y avait rien à faire là-bas. Mais, après, on a pensé qu'on n'avait pas entendu cette information pour rien… que Frédéric pourrait être le chef pâtissier qui leur fallait », se rappelle Mme Leblanc à propos de leur aventure américaine qui a débuté en 2004 pour s'étirer jusqu'en 2011.

Dix jours plus tard, la petite famille partait pour un trajet de 16 heures en voiture afin de visiter l'endroit où elle allait finalement rester sept ans. Trois mois après, la maison de rêve vendue et la tête pleine de rêves, le trio quitte pour de bon le Québec.

« Tant qu'on était ensemble, c'était ça l'important. On parlait plus ou moins anglais, c'était <@Ri>yes<@$p>, <@Ri>no<@$p>, <@Ri>toaster<@$p> pour mon conjoint. Les gens ont été super accueillants et respectueux », continue la femme d'affaires qui a dû revenir au Québec et se marier avec son conjoint pour pouvoir travailler là-bas légalement.

Pendant que leur fille apprenait à l'école anglophone, Frédéric s'occupait des fourneaux et Geneviève du service à la clientèle et du marketing.

Après la naissance de leur deuxième enfant, qui a la nationalité américaine, les amoureux du chocolat décident de revenir au Québec. « On voulait se rapprocher pour lui faire connaître notre famille. En plus, l'établissement pour lequel on travaillait commençait à faire de plus en plus de vente en gros, nous ce qui nous intéressait, c'était la vente au détail, le contact avec le client », explique Mme Leblanc.

Le début d'une nouvelle vie

Une fois de retour dans la belle province, le duo se met à chercher activement un endroit pour ouvrir une pâtisserie de style bistro.

« Ouvrir une chocolaterie, c'était un rêve, une fantaisie. On n’en cherchait même pas », raconte-t-elle en ajoutant qu'une opportunité s'est présentée à Chambly alors que l'ancien propriétaire de la chocolaterie désirait vendre son établissement de l'avenue de Bourgogne.

Depuis, les deux complices, qui travaillent sept jours sur sept et qui ne comptent plus les heures, font leur marque de commerce avec leurs chocolats fins et colorés.

Le chocolat de A à Z

Avant de se transformer en un joli petit lapin de Pâques ou en une rose romantique de Saint-Valentin, le chocolat passe par plusieurs étapes à la chocolaterie la Maison Gourmande.

Tout d'abord, le chef Frédéric de Villeneuve fait fondre dans un bain-marie les pastilles de chocolat (noir, blanc ou au lait), venues de différents pays comme la Tanzanie, le Pérou ou Madagascar.

Le liquide brun est ensuite transféré dans une tempéreuse, où il sera tenu entre 30 et 32 degrés Celsius. « C'est une température très précise, sinon le chocolat se travaille mal. C'est l'étape la plus importante », souligne Mme Leblanc.

D'autres pastilles non fondues sont ajoutées au mélange onctueux. Le chef s'affaire alors à brasser le chocolat. « C'est énormément d'entretien. Le travail est foutu si on ne brasse pas assez », continue-t-elle.

Pendant ce temps, dans un des quelque mille moules de la cuisine, on applique au fusil à air, au pinceau ou avec les doigts, de la peinture de beurre de cacao qui donnera de la couleur au chocolat. On coule ensuite la coquille de chocolat, qui est entre une et trois épaisseurs de 1,5 millimètre. On attend environ 20 minutes pour laisser le temps au chocolat de cristalliser avant de le sortir du moule. Vient finalement l'étape de l'emballage et de l'étiquetage. Et de la dégustation !