Créée en 1981 par Denis Bouchard, Rémy Girard, Raymond Legault et Julie Vincent, la pièce icône La Déprime n'accuse aucune ride tant son propos demeure d'actualité. Une version revampée est présentée au Pavillon de l'île, à Châteauguay, jusqu'au 27 août. Réjouissant !

Public avisé oblige, le visage du théâtre d'été s'est grandement modifié au cours des dernières années. Le gag facile n'y est plus l'ultime roi, le spectateur appréciant certes une comédie accessible, mais tout de même intelligente, subtile. Et c'est ce que La Déprime offre.

Le décor : un terminus d'autobus en 1981. Les personnages : une quarantaine, issus de diverses strates d'âge et sociales. Le défi majeur de cette pièce : tous les protagonistes passent par la peau de seulement quatre comédiens. Défi que France Pilotte - aussi productrice -, Diane Lavallée, Jeff Boudreault et Pierre-Alexandre Fortin relèvent de façon égale et avec brio.

Ces gens qui passent

Des destins personnels, souvent croisés, dont nous devenons les témoins privilégiés. L'employé brimé, le patron suffisant et la syndicaliste enragée, la jeune fille archi-timide tentant de mener à bien un projet universitaire, le freak accroché, le couple pressé et méthodique, le marié qui assiste à ses propres noces au téléphone, autant d'hommes et de femmes poursuivant leur idéal. Hormis quelques retours en arrière technologiques, l'action pourrait se dérouler en 2011.

La mise en scène, élaborée par Patrice Coquereau, connu aussi en tant que comédien, se veut vive et efficace; un roulement continu, sans essoufflement.

L'introduction est particulièrement astucieuse, nous permettant d'office d'apprécier le talent de cette distribution colorée. On a même droit à des scènes chorégraphiées. Et les nombreuses slaves de rires du public confirme que La Déprime est un succès.

La distribution originale était montée 316 fois sur les planches pour présenter cette pièce. Diverses troupes théâtrales ont repris le collier, dont le Théâtre Fracas qui présente, en collaboration avec la Ville de Châteauguay, la mouture à laquelle nous avons assisté.

Le Pavillon de l'île est de plus campé dans un décor magnifique en bordure de l'eau. Arriver à l'avance pour en saisir toute la beauté ne fera qu'ajouter au plaisir de cette sortie.