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Halifax coupe l'électricité à un campement d'itinérants, malgré la vague de froid

durée 19h35
1 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

HALIFAX — Les autorités d'Halifax ont tenu leur promesse vendredi de couper l'électricité à une douzaine de personnes vivant dans un campement de sans-abri installé l'automne dernier devant l'hôtel de ville.

À 9h du matin, 11 des 12 tentes restantes sur la place publique connue sous le nom de Grand Parade n'avaient aucune source de chaleur, alors que la température tournait autour de -11 °C et qu'un vent d'ouest donnait une sensation de -19 °C.

«C'est l'un des jours les plus froids de l'année et ils coupent le courant», a déclaré Steven Wilsack, un bénévole qui aide les résidents du camp depuis trois mois. «Le système est brisé.»

M. Wilsack a souligné qu'il avait demandé aux responsables gouvernementaux de laisser un générateur en marche pendant la vague de froid, mais sa demande a été ignorée.

«C'est juste un autre élément déclencheur qui va mettre les gens à bout», a soutenu M. Wilsack lors d'une entrevue alors qu'il surveillait la place depuis l'intérieur d'un camion garé. «Les gens pourraient geler.» Il a dit qu'une tente était équipée d'un chauffage au propane.

Parmi les personnes séjournant sur le site se trouvent une femme enceinte et son partenaire, un autre couple, un résident aux prises avec des douleurs chroniques et un certain nombre d'autres personnes aux prises avec des maladies mentales ou des dépendances, a-t-il indiqué.

«Ce sont des gens qui sont brisés», a-t-il déploré.

La sécurité, au coeur des préoccupations

Alors que l’hiver s'installait l’année dernière, de nombreuses tentes de la place étaient chauffées par des radiateurs au propane. Mais un incendie en janvier qui a blessé une personne a soulevé des inquiétudes quant à la sécurité, et la plupart des habitants ont opté pour des radiateurs électriques lorsque le générateur est arrivé.

Le 7 février, cependant, la municipalité a attaché des avis d'expulsion aux tentes de la place et a fait de même dans quatre autres des 11 campements autorisés de la région. L'avis indiquait que la date limite pour partir était lundi dernier.

Mercredi, la Ville a annoncé que l'approvisionnement en électricité serait coupé et que tous les objets personnels qui n'auraient pas été retirés ou emballés pour être stockés seraient jetés.

Le générateur ayant été coupé vendredi, une benne à ordures de six mètres de long a été placée au milieu de la place enneigée, près du principal mémorial de guerre de Halifax.

Les responsables de la Ville ont déclaré que les campements représentaient un risque pour la sécurité et que de meilleures options de logement étaient disponibles, notamment au Forum d'Halifax, qui propose un abri de fortune de 70 lits à l'extrémité nord de la ville.

Cependant, certains résidents sans logement affirment que les lits du Forum – séparés par des rideaux – sont pires que les tentes en raison d'un manque d'intimité et de sécurité.

«Personnellement, je ne mettrais pas mon chien dans un refuge», a soutenu M. Wilsack, ajoutant qu'il avait entendu dire qu'il y avait toujours des problèmes d'abus de substance et de violence au Forum.

«Quelques résidents ont dit que c'était encore pire qu'une prison (...) Nous avons des gens ici qui veillent les uns sur les autres. Ils préfèrent rester dans ces conditions plutôt que de se mettre en danger dans un refuge.»

Plus tôt cette année, le campement de Grand Parade abritait jusqu'à 30 personnes. Ce nombre est tombé à 15 ou 20 la semaine dernière.

Mercredi, la Ville a indiqué qu'environ 29 personnes se trouvaient toujours dans des campements non autorisés.

Le droit au logement «violé»

Le mois dernier, Marie-Josée Houle, défenseure fédérale du logement au Canada, a publié un rapport cinglant affirmant que les personnes sans logement ont le droit fondamental de vivre dans des campements. Elle a reconnu que ce droit a été violé lorsque les autorités les ont démantelés.

Mme Houle a affirmé que la propagation des campements de sans-abri à travers le pays est une crise nationale des droits de la personne qui est le résultat de «l'échec persistant» du Canada à protéger le droit des personnes au logement, que le gouvernement fédéral a officiellement reconnu en 2019.

En attendant, les autorités doivent équiper les campements de services de base, tels que l'eau potable et la collecte de déchets, afin que les résidents puissent vivre dans la dignité, indique son rapport.

Michael MacDonald, La Presse Canadienne