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L'enquête sur la mort d'une policière révèle un manque d'encadrement en santé mentale

durée 22h31
19 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Les évaluations des risques devraient être obligatoires avant que la Commission d'examen des troubles mentaux (CETM) du Québec décide si un patient est libéré dans la société, a conclu mardi une criminologue lors de l'enquête de la coroner sur le meurtre de la policière Maureen Breau.

Josée Rioux a affirmé lors de l'enquête qu'aucune évaluation globale des risques n'a été menée dans le cas d'Isaac Brouillard Lessard, l'homme de 35 ans qui a poignardé à mort la sergente de la Sûreté du Québec le 27 mars 2023.

La police avait été dépêchée pour l'arrêter après qu'il a proféré des menaces contre son oncle et violé sa probation. C'est à ce moment que Brouillard Lessard a tué la policière Breau avec un couteau de cuisine et a grièvement blessé son partenaire dans son immeuble à Louiseville, en Mauricie.

Mme Rioux, présidente de l'Ordre professionnel des criminologues du Québec, a présenté un certain nombre de recommandations devant l'enquête publique sur la mort de Mme Breau et d'Issac Brouillard Lessard, qui a été abattu par la police quelques instants après avoir poignardé les deux policiers.

L'enquête a permis d'apprendre que Brouillard Lessard avait été déclaré non criminellement responsable pour cause de maladie mentale à cinq reprises pour des infractions commises en 2014 et en 2018. Il avait également passé un an dans un hôpital psychiatrique de Montréal et avait été suivi par la CETM depuis 2014.

Brouillard Lessard était assujetti aux conditions imposées par le tribunal du Québec depuis avril 2022, alors qu'il avait obtenu une absolution inconditionnelle et une probation après une agression violente contre un concierge d'appartement.

Mme Rioux, qui a travaillé avec la commission provinciale des libérations conditionnelles, a déclaré que les patients en liberté conditionnelle sont suivis «100 fois plus» qu'une personne sous l'autorité de la CETM.

Elle a recommandé que lors des audiences de la CETM, tous les patients soient systématiquement évalués pour le danger qu'ils représentent pour les autres. Cette évaluation, a-t-elle indiqué, devrait être effectuée par un professionnel capable d'établir des lignes directrices et des normes de supervision, de surveillance et de contrôle lorsqu'un patient est libéré dans la communauté.

À l'heure actuelle, le rapport d'un psychiatre est le seul document obligatoire déposé lors des examens annuels en santé mentale, a expliqué Mme Rioux. Les psychiatres, même ceux qui ne sont pas formés comme psychiatres légistes, procèdent à leurs propres évaluations de leurs patients, a-t-elle ajouté.

«Libérer quelqu'un après cinq verdicts de non-responsabilité en matière de violence, il semble absurde de ne pas avoir fait une évaluation des risques et d'évaluer les besoins de cette personne lors de sa libération dans la communauté», a soutenu Mme Rioux.

Mme Rioux a indiqué que l'Ordre des criminologues recommande également que les patients suivis par le comité de révision en santé mentale bénéficient d'un suivi psychosocial en plus des soins psychiatriques. Elle a ajouté que les cas devraient être gérés par des équipes interdisciplinaires comprenant des criminologues et des psychiatres légistes.

Lorsque la santé mentale d'un individu est en jeu, les différents groupes impliqués – y compris la police et les médecins – devraient se partager des informations, a suggéré la présidente de l'Ordre des criminologues. L'enquête a révélé que la police n'a pas été autorisée à recevoir des informations sur des patients dangereux en raison des règles de confidentialité.

La coroner Géhane Kamel, qui préside l'enquête, a affirmé que les audiences se termineraient jeudi.

Sidhartha Banerjee, La Presse Canadienne