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Le personnel des refuges pour femmes et maisons de transition est à bout de souffle

durée 11h34
7 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

SAINT-JEAN, T.-N.-L. — Une nouvelle étude révèle que le personnel des refuges pour femmes et des maisons de transition à travers le pays se sent épuisé, sous-payé et surchargé de paperasse. 

L'étude, menée par l'organisme national à but non lucratif Hébergement femmes Canada, a enquêté auprès de plus de 300 employées de refuges et de maisons de transition partout au Canada. Elle révèle qu'environ 30 % des répondantes se sentent dépassées par leur charge de travail et envisageaient de quitter leur emploi.

L'étude indique que 66 % des personnes interrogées ont déclaré gagner moins de 50 000 $ par année, et près d'un tiers ont déclaré avoir occupé un deuxième emploi pour joindre les deux bouts.

Selon Robyn Hoogendam, responsable de la recherche et des politiques de l'organisme, l'étude a révélé que le personnel était toujours aux prises avec d'énormes défis apparus pendant la pandémie de COVID-19, notamment une violence plus importante et une augmentation des dépendances et des problèmes de santé mentale.

Elle affirme que le personnel des refuges effectue davantage de travail sur des cas plus complexes, mais que le financement, lui, n'a pas augmenté pour permettre d'augmenter leurs salaires.

Mme Hoogendam explique que la direction et le personnel des refuges doivent jongler entre le travail quotidien et les demandes de fonds et de subventions, qui nécessitent de longues soumissions écrites à différents ordres de gouvernement, plusieurs fois par année, ainsi que des rapports réguliers sur la façon dont l'argent est dépensé.

Ainsi, beaucoup d'énergie et de ressources vont au travail administratif, alors que les subventions gouvernementales ne sont pas suffisantes pour suivre l'inflation, les besoins croissants des refuges ou la hausse normale des salaires. 

«Il y a une crise. Et si nous ne trouvons pas de financement stable pour ces organismes, on mettra en péril leur capacité à faire ce travail», a déclaré Mme Hoogendam en entrevue. «Et c'est un travail vital que ces organismes accomplissent chaque jour.»

Financement prévisible

Jodi McDavid fait partie de ces travailleuses de refuge qui occupent deux emplois. Elle dirige un complexe de transition au Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse, qui comprend un refuge, des appartements et une maison de chambres. Elle soutient que si elle n'enseignait pas également à temps partiel à l'université locale, elle ne pourrait pas s'en sortir.

Son personnel de première ligne gagne en moyenne 54 000 $ par année, soit environ 30 000 $ de moins que ce que gagne une personne travaillant pour les services aux victimes dans le système judiciaire provincial. 

Dans son budget déposé la semaine dernière, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a augmenté de 7,1 millions $ le financement de base des refuges pour femmes et des maisons de transition. Mais il s'agit de la première augmentation significative en une décennie, a déclaré Ann de Ste Croix, coordonnatrice provinciale de l'Association des maisons de transition de la Nouvelle-Écosse.

Mmes De Ste Croix et McDavid soutiennent qu'un financement plus permanent et prévisible est encore nécessaire pour remédier aux bas salaires, à l'épuisement du personnel et aux besoins croissants des réseaux de refuges de la province.

Les nouvelles sommes arrivent près d'un an après la publication du rapport final d'une enquête publique sur la tuerie d'avril 2020 en Nouvelle-Écosse, qui avait commencé lorsque le tueur a agressé sa conjointe. Il a ensuite tué 22 personnes, dont une femme enceinte, en 13 heures, avant d'être abattu par la police.

Le rapport de l'enquête indique que la violence conjugale devrait être déclarée une urgence de santé publique et appelle à un financement stable pour les organismes qui œuvrent en prévention.

Sarah Smellie, La Presse Canadienne