Le Yukon se prépare pour un plébiscite qui pourrait changer son mode de scrutin


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Par La Presse Canadienne, 2025
La dernière fois que les Yukonnais ont voté lors d'un plébiscite territorial, il s'agissait d'autoriser la vente d'alcool. Cette fois, le vote portera sur une question qui donne tout autant de maux de tête : la réforme électorale.
Plus d'un siècle après le plébiscite de 1920, le vote qui devrait faire partie des élections territoriales de cette année pourrait faire du Yukon la première juridiction au Canada à passer du système majoritaire uninominal à un tour actuel au scrutin préférentiel.
La formulation exacte de la question pour ce vote non contraignant devrait être publiée par le gouvernement «dans les semaines à venir», selon le directeur général des élections, Max Harvey, dont le bureau planifie le scrutin depuis près d'un an.
Le processus de planification a été pour lui une «aventure intéressante» jusqu'à présent.
Il a notamment examiné le travail effectué dans d'autres juridictions, mit sur pied un groupe de planification, organisé des comités de sensibilisation et d'éducation, en plus de discuter avec une demi-douzaine d'homologues ayant organisé des plébiscites. Les prochaines élections doivent avoir lieu au plus tard le 3 novembre, ce qui signifie qu'elles doivent être déclenchées par le premier ministre libéral Mike Pemberton au plus tard le 3 octobre.
Le territoire verra le nombre de ses circonscriptions électorales passer de 19 à 21, et 15 circonscriptions seront redéfinies.
M. Harvey a indiqué que l'intérêt du public pour le vote pourrait actuellement être de deux ou trois sur dix, mais son bureau prévoit lancer une campagne en septembre pour sensibiliser la population à son importance.
«Nous ferons de la publicité, distribuerons des guides aux électeurs, organiserons des envois postaux, des assemblées publiques, des séances d'information aux partis politiques et des séances d'information aux médias», a-t-il annoncé.
À la suite l'étude de plusieurs années menée par un comité législatif sur la réforme électorale, une assemblée citoyenne, composée de deux personnes de chacune des 19 circonscriptions électorales du territoire, a publié l'année dernière un rapport recommandant le passage à un système de vote préférentiel.
Dans ce système, l'électeur classe les candidats par préférence sur son bulletin de vote. Si le candidat en tête n'obtient pas au moins 50 % plus un des votes, le candidat le moins bien classé est éliminé, et toute préférence de deuxième rang ou inférieure sur ces bulletins est réattribuée aux candidats restants jusqu'à ce que l'un d'eux atteigne le seuil requis.
Le rapport conclut qu'un tel système «encourage une plus grande participation électorale et un résultat plus légitime aux yeux des électeurs».
Ce n'est pas la première fois que les Canadiens envisagent l'idée d'une réforme électorale.
L'ancien premier ministre Justin Trudeau a remporté les élections fédérales de 2015 en partie grâce à sa promesse de mettre fin au système majoritaire uninominal à un tour actuel, mais le projet a finalement été abandonné.
La Colombie-Britannique a tenu trois référendums sur le sujet, le plus récent en 2018, lorsque les électeurs ont décidé de ne pas passer à la représentation proportionnelle.
M. Harvey a indiqué que son bureau ne se prononçait pas sur le résultat du vote.
«Nous souhaitons fournir des informations impartiales et équilibrées sur les deux options, et le résultat ne nous intéresse absolument pas», a-t-il déclaré. La question de savoir si les résultats du vote entraîneront un changement concret sera laissée à l'appréciation du parti qui formera le prochain gouvernement.
La position des partis
La Presse Canadienne a demandé à chacun des trois principaux partis s'ils pensaient mettre en œuvre le changement au scrutin préférentiel si la majorité des Yukonnais qui voteront lors du plébiscite le souhaitaient.
La porte-parole du cabinet libéral, Laura Seeley, a affirmé dans un courriel que le gouvernement libéral estime que tout changement «devrait être guidé par la volonté des Yukonnais».
«Si une majorité appuie le passage à un scrutin préférentiel, nous prendrons les mesures nécessaires pour y parvenir», a-t-elle ajouté.
La chef du NPD, Kate White, a indiqué dans un communiqué qu'elle respecterait «absolument» les directives des électeurs, ajoutant que son parti milite en faveur d'une réforme électorale.
«Lorsque vous votez sur ce territoire, vous devriez avoir votre mot à dire sur la forme que prendra ce processus. Ce plébiscite le rend possible», a soutenu Mme White.
Une déclaration du caucus du Parti du Yukon note que ses membres, qui forment actuellement l'opposition officielle, n'appuieront pas un changement au mode de scrutin. «Cependant, si les Yukonnais indiquent clairement qu'ils souhaitent un changement, nous respecterons leurs directives.»
Le caucus de l'opposition a déclaré que le plébiscite est le résultat d'un processus créé pour honorer un engagement politique pris dans le cadre de l'accord de confiance et de crédits entre les libéraux et le NPD, qui a permis de maintenir le gouvernement minoritaire au pouvoir.
«Nous estimons que le temps, l'argent et l'énergie consacrés à l'ensemble de ce processus seraient mieux utilisés pour relever les nombreux défis auxquels sont confrontés les Yukonnais», indique le communiqué.
«Bien que notre système majoritaire uninominal à un tour actuel ne soit pas parfait, c'est le système qui a bien servi le Yukon et le Canada pendant des générations.»
Ashley Joannou, La Presse Canadienne