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Les maladies auto-immunes augmentent le risque de décès cardiovasculaire des femmes

durée 10h02
9 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Le risque de décès cardiovasculaire des femmes atteintes de maladies autoimmunes comme le lupus, la polyarthrite rhumatoïde et la sclérodermie systémique est 50 % plus élevé que celui des hommes, prévient une nouvelle étude.

Il pourrait donc être temps d'ajouter ces maladies à la liste des facteurs de risque cardiovasculaire, au même titre que l'obésité, l'hypertension ou le tabagisme, a commenté le docteur François Simard, qui est cardiologue clinicien à l’Institut de cardiologie de Montréal.

«Il y a des facteurs de risque qui sont plus fréquents chez les femmes, comme les maladies inflammatoires, a-t-il dit. Ces patientes-là devraient donc être probablement plus dépistées, ou avoir une prise en charge un peu plus intégrative ou holistique de leurs facteurs de risque cardiovasculaire en général.»

Les auteurs de l'étude ont analysé les données de la base de données WONDER du CDC pour plus de 127 000 décès liés aux maladies cardiovasculaires parmi plus de 281 000 décès associés à la polyarthrite rhumatoïde, au lupus ou à la sclérodermie systémique.

Les chercheurs ont mesuré les tendances et les différences dans les taux de décès liés aux maladies cardiovasculaires chez les hommes et les femmes atteints des maladies auto-immunes les plus courantes entre 1999 et 2020.

L'accident vasculaire cérébral (AVC) et la maladie coronaire étaient les principales causes de décès pour les deux sexes. Le taux de décès des femmes était toutefois plus élevé que celui des hommes.

De plus, les femmes atteintes d'une maladie autoimmune inflammatoire étaient de deux à trois fois plus susceptibles que les hommes de succomber à une arythmie ou à un arrêt cardiaque.

L'inflammation, a expliqué le docteur Simard, peut endommager la paroi des artères et favoriser la formation de plaques d'athérosclérose. L'inflammation rendra aussi ces plaques plus fragiles, augmentant le risque d'infarctus du myocarde ou d'AVC si elles détachent et forment un caillot.

Il est dommage de constater, a-t-il estimé, que l'écart entre les hommes et les femmes persiste, malgré les progrès réalisés par la médecine au cours des vingt dernières années.

«Je pense que c'est un rappel très clair, malheureusement, de ce biais-là qu'il y a eu dans la recherche médicale depuis le début de la cardiologie», a-t-il dit.

La recherche médicale est aussi biaisée depuis des dizaines d'années en faveur des hommes, a ajouté le docteur Simard. Après avoir longtemps tenu pour acquis que les résultats des hommes étaient transposables aux femmes, ce n'est que relativement récemment qu'on a constaté que cela n'était pas le cas, et on essaie donc d'avoir au moins une moitié de participantes aux études.

«On a encore des soubresauts ou des conséquences des choix qui ont été faits dans le passé», a déploré le docteur Simard.

Mais aujourd'hui, poursuit-il, face aux données de cette étude, on devra s'assurer que la pression artérielle des femmes est bien contrôlée, ou encore de dépister chez elles un éventuel diabète ou un problème de cholestérol.

«C'est parfois quelque chose qu'on oublie dans la prise en charge parce qu'on s'attarde beaucoup à la maladie inflammatoire, a conclu le docteur Simard. Mais cette étude nous montre que ce qui va le plus nuire à leur pronostic, c'est la santé cardiovasculaire, donc il ne faut pas perdre de vue cet aspect-là.»

Des études précédentes avaient démontré que les patients atteints de maladies autoimmunes comme celles-ci étaient plus susceptibles, après une crise cardiaque, de décéder, de présenter une insuffisance cardiaque ou de subir un deuxième infarctus, comparativement aux gens qui n'avaient pas ces maladies.

Les Centres de prévention et de contrôle des maladies des États-Unis indiquent que les femmes sont de deux à trois fois plus susceptibles que les hommes de souffrir de polyarthrite rhumatoïde et neuf fois plus à risque de lupus. La sclérodermie systémique est aussi plus répandue chez les femmes que chez les hommes.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical Circulation: Cardiovascular Quality and Outcomes.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne