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Les programmes ontariens d'alimentation scolaire en arrachent

durée 13h15
11 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

TORONTO — Une moitié de mandarine au lieu d'une entière, la moitié d'un œuf dur ou une pomme coupée différemment: les programmes d'alimentation en milieu scolaire en Ontario tentent de trouver des trucs pour tirer le maximum de ressources insuffisantes.

Le gouvernement provincial aurait beau doubler son financement que cela ne répondrait pas nécessairement à la demande croissante, ont déclaré les responsables de ces programmes de nutrition pour les élèves, lors des consultations avant le budget provincial du printemps.

«La flambée des prix des aliments a causé des ravages sur la nutrition des élèves partout dans la province, car le financement est trop faible pour acheter une variété d'aliments en quantité et en portions nécessaires pour nourrir un élève», a déclaré Viviane Dégagné, directrice du réseau Nutrition des élèves de l'Ontario devant un comité de consultations prébudgétaires.

«Ajoutez à cela la fréquentation accrue des élèves à nos programmes en raison des effets de la COVID, de l'inflation en hausse pour les familles et du nombre de nouveaux immigrants dans notre province, et nous avons aujourd'hui une tempête parfaite», a déclaré Mme Dégagné.

La section ontarienne de la Coalition pour une saine alimentation scolaire demande au gouvernement ontarien de doubler son investissement actuel dans les programmes de nutrition des élèves, pour le faire passer en 2024 d'un total de 32,3 millions $ à 64,4 millions $.

Le programme de nutrition des élèves servait auparavant comme un pansement, pour combler les lacunes de certaines familles ou aider un enfant qui avait oublié son sac à lunch, mais le besoin devient de plus en plus prononcé, a souligné Erin Moraghan, la présidente et directrice générale de «Nutrition for Learning» dans la région de Waterloo.

«Les programmes de nutrition des élèves sont en train de devenir une béquille sur laquelle les familles doivent s'appuyer, et souvent fortement, parce qu'elles ne peuvent tout simplement plus se permettre de faire leur épicerie, point final», a-t-elle déclaré en entrevue.

Le ministère des Services à l'enfance et des Services sociaux et communautaires fournit des fonds à 14 organismes responsables de programmes de collations et de repas dans toute la province. Certains de ces organismes transfèrent ensuite des sommes aux conseils scolaires ou aux écoles de leur région; des bénévoles — des administrateurs ou des enseignants — commandent de la nourriture et veillent à ce qu'elle parvienne aux élèves. Dans d’autres régions, l’organisme responsable s’associe à une organisation à but non lucratif qui gère la logistique sur le terrain.

Éviter la stigmatisation

La nourriture n’est pas réservée uniquement aux élèves issus de familles à faible revenu, car l’un des principes fondamentaux du programme est l’universalité. «Cibler seulement les élèves qui en ont désespérément besoin, c'est stigmatisant, embarrassant et cela perpétue des sentiments de honte et d'isolement», explique Mme Moraghan.

L'année dernière, le programme que gère Mme Moraghan pour la région de Waterloo a obtenu environ 30 % de son financement du gouvernement provincial, le reste provenant d'autres sources telles que des partenariats, des donateurs communautaires et des contributions des parents. L'année dernière, «Nutrition for Learning» a dépensé environ 1,5 million $ en nourriture, un chiffre qui a augmenté rapidement au cours des dernières années, a-t-elle indiqué. «Si j'avais trois, quatre ou cinq millions de dollars dans mon budget à consacrer à la nourriture, c'est sûr qu'on l'utiliserait», assure-t-elle.

Le gouvernement a effectivement investi 6,15 millions $ supplémentaires dans les programmes cette année, dont 5 millions $ l'automne dernier.

Danielle Findlay, superviseure des relations communautaires du Programme de nutrition des élèves pour la région Sud-Ouest, a déclaré aux consultations prébudgétaires que dans sa région, leur part du financement de 5 millions $ représentait 4,29 $ pour chaque élève participant, pour toute l'année scolaire. Or, une collation saine coûte en moyenne 1,50 $, estiment les responsables du Programme.

Les investissements ponctuels de 6,15 millions $ ont été les bienvenus, mais ce qu'il faut, c'est une augmentation du financement de base pérenne, ce qui ne s'est pas produit depuis plus d'une décennie, a fait valoir Mme Findlay.

Un porte-parole du ministre des Services à l'enfance et des Services sociaux et communautaires, Michael Parsa, a souligné que le ministre continue d'attendre plus de détails sur l'engagement fédéral visant à créer un programme de nutrition scolaire à l'échelle du Canada.

Un programme national serait en mesure d'aider beaucoup d'enfants, a déclaré Mme Moraghan, mais les enfants qui souffrent aujourd'hui de la faim ne peuvent tout simplement pas attendre. «Nous savons que désormais, la plupart des repas que nous servons à l'école sont parfois le seul repas de la journée pour de nombreux élèves qui utilisent le programme.»

Allison Jones, La Presse Canadienne