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On pourrait améliorer la mémoire du système immunitaire face à la maladie

durée 07h00
4 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — On pourrait possiblement accentuer l'efficacité du système immunitaire face aux virus, et même potentiellement face au cancer, en rehaussant la «mémoire» de certaines cellules, portent à croire des travaux réalisés à l'Institut de recherches cliniques de Montréal.

Cette mémoire, qui permet au système immunitaire de reconnaître un ennemi qu'il a déjà combattu, est habituellement associée aux lymphocytes T et B. Toutefois, les cellules NK sont elles aussi capables de se souvenir d'une infection précédente.

Le docteur André Veillette et ses collègues ont maintenant démontré que la production des cellules NK mémoire est contrôlée par un groupe de molécules nommées les récepteurs SLAM. On pourrait donc envisager la stimulation des SLAM avec des médicaments comme des anticorps pour augmenter le nombre de cellules NK mémoire, une stratégie qui pourrait être utile pour accroître la protection contre les virus et peut-être contre les cancers.

«Un des problèmes avec le cancer, c'est que le système immunitaire devient un peu endormi et il laisse passer des choses qu'il ne devrait pas laisser passer, a expliqué le docteur Veillette. Et puis un des traitements contre le cancer, c'est de réveiller le système immunitaire avec de l'immunothérapie qui va permettre au système (...) de voir le cancer, et puis là non seulement de s'en débarrasser, mais aussi de l'empêcher de revenir parce qu'il y a une mémoire immunitaire qui s'est développée contre le cancer.»

Le domaine de l'immunothérapie est en pleine ébullition et est à l'origine des percées les plus prometteuses réalisées dans la lutte contre le cancer depuis une dizaine d'années.

«Quand tu donnes de l'immunothérapie, (...) les cellules générées contre le cancer vont persister après, de sorte que si le cancer essaie de revenir, il va avoir plus de difficultés, a dit le docteur Veillette. C'est plus facile à comprendre avec les virus (...), mais le cancer, c'est la même chose: une fois que tu as développé une mémoire immunitaire face au cancer, la mémoire va persister.»

En utilisant des modèles de souris et un équivalent chez la souris du virus du cytomégalovirus, l’équipe du docteur Veillette a démontré que les récepteurs SLAM empêchent la destruction des cellules NK mémoire et augmentent la protection contre le virus.

Mais quand les récepteurs SLAM sont éliminés, a dit le docteur Veillette, la mémoire de ces cellules disparaît.

«L'idée, c'est que si on pouvait stimuler la fonction de ces récepteurs-là par des anticorps, par exemple, ou d'autres types de médicaments (...) on pourrait aussi possiblement augmenter la mémoire immunitaire médiée par les cellules NK, (obtenir une) meilleure coopération avec les lymphocytes T et B, et puis avoir une meilleure protection contre les virus, mais aussi peut-être contre les cancers», a expliqué le docteur Veillette.

Ces travaux, ajoute-t-il, viennent mettre en évidence la «très grande importance» des récepteurs SLAM dans le contrôle des fonctions immunitaires, surtout dans le contexte où la communauté scientifique s'intéresse de plus en plus au potentiel des cellules NK mémoire ― en en augmentant la force et le nombre ― pour combattre le cancer.

«Il y a des études cliniques là-dessus, a dit le docteur Veillette. Alors je pense que nous, en utilisant des médicaments qui stimulent les SLAM, potentiellement qu'on pourrait augmenter la force et le nombre des cellules NK mémoire. Augmenter la protection contre les infections, c'est une chose, mais je pense que c'est surtout contre les cancers que ça pourrait avoir un impact thérapeutique. Ça devrait être la prochaine exploration qu'on fait.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal Cell Reports.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne