Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Pollution plastique: quelques heures avant la fin des négociations

durée 14h25
14 août 2025
La Presse Canadienne, 2025
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

Les impasses perdurent en Suisse, à quelques heures de la fin d’importantes négociations qui visent à élaborer le premier traité mondial contre la pollution plastique.

Mercredi, les négociateurs des 184 pays ont discuté d’une nouvelle version d’un texte, rejeté par les pays les plus ambitieux.

L’ébauche avançait des propositions qui font l’objet d’un large consensus, notamment de prendre des mesures pour réduire la quantité de produits en plastique problématiques, comme les microplastiques dans l’environnement, ou encore de réduire l’exportation et l’importation de produit de plastique difficilement recyclable.

Mais l’ébauche de mercredi ne proposait pas de limites à la production du plastique et ne proposait pas de limites à la quantité de produits chimiques utilisés dans les produits plastiques.

«C’est une ébauche qui reflétait le moins d’ambition possible» et «on y avait retiré l’article qui évoquait la question de la production du plastique», alors «il y avait un grand mécontentement dans la salle, plusieurs pays ont contesté ce texte», a raconté Sabaa Khan, directrice générale pour le Québec et l’Atlantique à la Fondation David Suzuki, qui participe au sommet en tant qu’observatrice.

«C’était très décevant de voir un tel texte, mais personnellement, je ne perds pas espoir. Si les négociations échouent, les États les plus ambitieux peuvent toujours procéder d’une autre manière, il y a d’autres forums de négociations possibles», a indiqué Sabaa Khan en faisant allusion, par exemple, à la possibilité de signer des accords multilatéraux, en dehors du cadre des Nations unies.

Une nouvelle ébauche est attendue jeudi, et les discussions – impliquant des représentants de 184 pays et plus de 600 organisations – devraient se conclure vendredi.

Des pays réfractaires

Les États-Unis, l'Arabie Saoudite, la Russie et l'Inde s’opposent à tout plafonnement des plastiques vierges.

Ces puissants pays producteurs de pétrole et de gaz et l'industrie du plastique souhaitent un traité axé sur une meilleure gestion et réutilisation des déchets plutôt que de s'attaquer au problème à la racine.

«Impressionnée» par le Canada

La représentante de la Fondation David Suzuki s’est dite «impressionné» par le rôle du Canada dans ces négociations.

La ministre de l’Environnement Julie Drabusin n’est pas présente à Genève, mais elle est représentée par une délégation d’experts et de négociateurs d’Environnement et Changement climatique Canada.

«Le Canada a milité vraiment fort pour que les droits autochtones puissent être inclus dans l’accord» et «le Canada a fait des propositions de texte pour qu’il y ait une participation autochtone significative», a tenu à souligner Sabaa Khan.

Un problème sanitaire

Chaque jour, l’équivalent de 2000 camions poubelles remplis de plastique est déversé dans les océans, les rivières et les lacs du monde, selon le Programme pour l’environnement des Nations unies, qui supervise les négociations pour un traité.

L’humanité produit plus de 430 millions de tonnes de plastique chaque année et ce matériel, dérivé du pétrole, est rendu tellement présent dans nos vies et dans l’environnement que des microplastiques ont même été trouvés dans le placenta de femmes en bonne santé, selon une étude récemment publiée dans le journal Toxicological Sciences.

Avant les négociations qui se déroulent en Suisse, la revue médicale The Lancet a publié un résumé de certaines études selon lequel les matériaux utilisés dans les plastiques provoquent de nombreuses maladies «à chaque étape du cycle de vie des plastiques et à chaque étape de la vie humaine».

Selon une vingtaine d'experts de la santé cités par The Lancet, les plus jeunes sont particulièrement vulnérables.

«Les plastiques constituent un danger grave, croissant et sous-estimé pour la santé humaine et la santé de la planète» et «sont responsables de pertes économiques liées à la santé dépassant 1500 milliards de dollars par an», peut-on lire dans l'article.

C'est la sixième fois que les nations se réunissent pour tenter de s’entendre sur un traité et jeudi est le dixième jour des négociations en Suisse.

Ottawa avait accueilli les délégués en avril 2024 et les discussions de l'année dernière en Corée du Sud devaient être les dernières, mais elles ont été ajournées en décembre en raison de l’impasse concernant la réduction de la production du plastique.

- Avec des informations de l'Associated Press

Stéphane Blais, La Presse Canadienne