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Québec compte mettre en réserve le territoire du mont Kaaikop

durée 09h00
6 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, a annoncé mercredi son intention de mettre en réserve le territoire du mont Kaaikop. Protéger ce territoire situé à la jonction des régions des Laurentides et de Lanaudière est l’objectif que poursuit sans relâche un groupe de citoyens depuis une décennie.

Pour Claude Samson, l’annonce du gouvernement est l’aboutissement de plusieurs années de lutte pour protéger le mont Kaaikop.

«On entre dans notre 12e année de militantisme pour préserver ce territoire-là», a indiqué le président de la Coalition conservation mont Kaaikop, à La Presse Canadienne.

En 2014, son groupe de citoyens avait obtenu gain de cause en Cour supérieure lorsqu’une juge avait ordonné au ministère des Ressources naturelles de suspendre son autorisation de coupes forestières.

Depuis ce jugement, la coalition dit avoir investi plus de 85 000 $, surtout en études, pour documenter la valeur écologique du secteur, afin d’en faire éventuellement un projet de conservation.

Le mont Kaaikop est le deuxième plus haut massif des Laurentides après le mont Tremblant et «son territoire représente 40,5 km2 de vieilles et anciennes forêts naturelles», a expliqué Claude Samson.

«Le mont Kaaikop assure la connectivité de plusieurs zones de conservation et de couloirs fauniques et floristiques naturels.»

Parmi la faune qui l’habite, on retrouve certains des mammifères emblématiques du Québec, comme l’orignal, l’ours noir, le loup gris et même le carcajou.

«Aujourd’hui, nous avons une pensée pour nos chers habitants silencieux du mont Kaaikop, cette faune variée pour laquelle des zones de territoires leur seront dédiées, afin qu’elle puisse s’y réfugier, se nourrir, se reproduire et circuler librement», a indiqué Claude Samson.

Un engagement de protéger 30 % du territoire

Le mont Kaaikop est «un secteur qui est très prisé par les randonneurs, par les amants de la nature», a expliqué le ministre Charette en entrevue avec La Presse Canadienne.

Il a ajouté «qu’en développant l’accès à la nature, on développe le sentiment ou l’urgence de protéger la biodiversité».

Lors de la Conférence des parties (COP15) sur la biodiversité à Montréal en 2022, le gouvernement avait annoncé un investissement de 650 millions $ afin d'assurer la protection de 30 % de son territoire d'ici 2030.

Le réseau d’aires protégées couvre actuellement environ 17 % du Québec.

«Notre gouvernement est fermement engagé à atteindre la cible mondiale de conservation de 30 % de notre territoire d’ici 2030, et ce, notamment en bonifiant le réseau d’aires protégées québécois par des initiatives comme celles-ci» , a ajouté le ministre Charette.

«Un plan de conservation»

Le gouvernement n’a pas encore déterminé les limites précises du territoire qui sera protégé dans le secteur du mont Kaaikop.

«Mais ce qui est important, c’est que le territoire est figé. Il n'y aura pas d'exploitation, ni forestière ni minière», a indiqué Claude Samson.

La prochaine étape, a-t-il expliqué, consiste à «élaborer un plan de préservation et de valorisation des écosystèmes» du mont Kaaikop.

«Le gouvernement appelle ça un plan de conservation, mais nous, on n'a pas milité pendant 12 ans pour que l'humain envahisse totalement le territoire», a-t-il tenu à souligner.

Sa coalition souhaite donc qu’il y ait des «des zones d'affectation qui soient prévues pour les humains, pour le récréotouristique», mais aussi des zones réservées «à la faune et aux recherches universitaires».

Différentes recherches académiques, notamment sur l'importance des vieilles forêts pour la biodiversité souterraine et la séquestration de carbone dans le sol, ont eu lieu sur le mont Kaaikop dans les dernières années.

Éventuellement, a indiqué Claude Samson, «on vise à établir un centre de recherche ou une chaire de recherche sur les forêts anciennes» au mont Kaaikop.

En 2019, une étude du département des sciences naturelles de l’Université du Québec en Outaouais et du département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal concluait que «l'arrêt des coupes forestières sur le territoire étudié aurait normalement peu d'impact économique sur l'industrie forestière et permettrait très probablement d'augmenter significativement la valeur des services écosystémiques liés aux activités récréotouristiques, aux habitats pour la biodiversité, à la valeur esthétique et aux services culturels autochtones sur le territoire public entourant le mont Kaaikop».

Stéphane Blais, La Presse Canadienne