Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Washington a imploré Ottawa en février de ne pas laisser tomber l'UNRWA, selon Hussen

durée 13h36
26 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
durée

Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — L'ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies a imploré le Canada le mois dernier de continuer à financer l'agence de l'ONU qui vient en aide aux Palestiniens, soutient le ministre du Développement international, Ahmed Hussen.

En janvier dernier, le Canada avait été l'un des 16 pays à suspendre son financement à l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (l'«UNRWA»). Israël soutenait alors qu'une douzaine d'employés de l'agence onusienne avaient participé aux attaques du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.

Mais plus tôt ce mois-ci, le ministre Hussen a annoncé qu'Ottawa procéderait finalement au paiement prévu en avril à l'UNRWA, après que le Canada a eu accès à un rapport intermédiaire sur les allégations israéliennes.

Cette décision intervenait environ deux semaines après une rencontre entre le ministre Hussen et l'envoyée américaine auprès de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield. Le ministre canadien raconte que l'ambassadrice américaine a alors exhorté Ottawa «à ne pas se désengager de l'UNRWA».

«Elle nous a implorés de continuer à collaborer avec l'UNRWA et de lui fournir le soutien dont il avait besoin, en reconnaissance de la bouée de sauvetage que l'UNRWA offre aux Palestiniens», a déclaré le ministre dans une récente entrevue avec La Presse Canadienne.

Il a été impossible d'obtenir les commentaires des autorités américaines sur les déclarations du ministre Hussen.

Les États-Unis sont depuis des années le principal bailleur de fonds de l’UNRWA; Washington a versé 343 millions $ à l'agence en 2022. Mais à la suite des allégations israéliennes, les Américains ont retiré leur financement le 26 janvier.

M. Hussen explique que le Canada a pris la décision d'aller de l'avant avec son paiement de 25 millions $, dû en avril, en raison des réformes et d'une responsabilisation accrue au sein de l'agence.

Il a également déclaré que cette décision avait été prise parce que la crise humanitaire dans la bande de Gaza s'aggravait de jour en jour et qu'une aide humanitaire était urgente. Or, l'UNRWA est «l'épine dorsale» de l'aide dans le territoire, a expliqué M. Hussen.

L’Union européenne, l’Australie, la Suède, la Finlande et l’Islande ont également rétabli au moins une partie de leur financement à l’UNRWA, mais plusieurs de ses plus grands donateurs, dont les États-Unis, ne l’ont pas encore fait.

L'Allemagne a promis mardi de nouveaux fonds pour le travail de cette agence en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Cisjordanie, mais son aide à l'UNRWA à Gaza reste suspendue.

La semaine dernière, les États-Unis ont prolongé d’au moins un an leur pause dans le financement, après que le Congrès a approuvé un programme de dépenses qui a permis d’éviter la «fermeture» du gouvernement américain. La mesure visant à réduire l’aide a été défendue par les républicains.

La Maison-Blanche a déclaré en principe qu'elle soutenait le travail de l'UNRWA. À la mi-février, l’administration du président Joe Biden a indiqué qu’elle avait des discussions avec ses alliés pour maintenir l’acheminement de l’aide humanitaire.

«Situation frustrante»

M. Hussen a déclaré qu'Ottawa était de plus en plus préoccupé par le «manque d'accès adéquat» pour acheminer l'aide vers la bande de Gaza, en particulier dans le nord, où les autorités affirment que la famine est imminente.

Il a déclaré avoir soulevé la nécessité de davantage de points d'entrée dans le territoire avec l'ambassadeur d'Israël au Canada, tout comme l'ont fait la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le premier ministre Justin Trudeau avec d'autres responsables israéliens.

La situation est extrêmement «frustrante» pour les groupes humanitaires et pour le Canada, a ajouté le ministre Hussen, soulignant que moins de camions sont passés en janvier et février qu'en novembre et décembre.

L'UNRWA a déclaré qu'au cours des 23 premiers jours du mois de mars, 157 camions d'aide par jour sont entrés en moyenne à Gaza — beaucoup moins que l'objectif de 500 camions.

Entre-temps, le Canada et ses partenaires ont commencé à financer des largages aériens d'aide au début du mois de mars.

L'armée de l'air jordanienne mène cette initiative,  qui comprend des contributions canadiennes sous forme de nourriture, de fournitures médicales, de couvertures et de vêtements d'hiver ainsi que de 300 parachutes.

Le Canada travaille également avec des partenaires internationaux pour fournir de l'aide à la mise en place d'un «port temporaire» que les États-Unis contribuent à construire. Le président Biden a annoncé le projet dans son «discours sur l’état de l’union» plus tôt ce mois-ci.

Mais les largages aériens et les routes maritimes ne constituent pas une alternative pour acheminer l’aide à travers les frontières terrestres, a rappelé le ministre Hussen.

«La situation humanitaire est très, très désastreuse. Et dans certaines parties de Gaza, nous sommes confrontés à la menace d'une famine massive et de conditions proches de la famine», a indiqué le ministre. 

Le Canada continue également de réclamer un cessez-le-feu humanitaire et la libération de tous les otages israéliens par le Hamas.

— Avec des informations de l'Associated Press.

Mickey Djuric, La Presse Canadienne