Commission d'enquête Gallant
SAAQclic: un ex-consultant externe avait déjà suggéré la suspension du projet

Par La Presse Canadienne
La suspension de la transformation technologique de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) a déjà été discutée au cours du développement du projet.
C'est ce qu'a évoqué un ancien consultant externe mardi matin devant la commission Gallant qui enquête sur les déboires du virage numérique de la société d'État.
Selon son témoignage, Stéphane Mercier a soulevé l'idée de suspendre le projet informatique nommé CASA auprès de l'ex-vice-président aux technologies de l'information de la SAAQ, Karl Malenfant, aux alentours de 2019 et 2020.
«Karl l'accueille parce qu'il est rigoureux. On l'analyse», a dit M. Mercier, qui a travaillé auprès de la SAAQ entre 2013 et 2022. Mais l'impact sur les coûts est «trop élevé», alors «on continue», a-t-il poursuivi.
M. Mercier a observé que la direction de la société d'État «de façon générale voulait faire le projet», qui comprend la plateforme SAAQclic.
«Je ne dis pas qu'ils voulaient le faire à tout prix, mais on voulait le faire. Ça, on le sentait fortement», a déclaré le témoin.
«La suspension est venue à chaque replanification. On se posait la question, a-t-il précisé. En calculant le coût d'impact, on arrive toujours à la même réponse: le coût d'impact est trop élevé. Malgré les écarts et les écueils qu'on rencontre, on continue.»
À sa connaissance, le projet ne prévoyait pas de critères déterminant le déclenchement d'un processus de suspension.
Il a déjà eu également des discussions avec le vis-à-vis de M. Malenfant à la firme LGS, Nabil Aboutanos, concernant «une pause», alors que des problèmes de réalisation étaient sur le radar. «Est-ce qu'on peut prendre une pause, refaire nos devoirs et repartir? C'est le genre de discussions que j'avais avec Nabil», a relaté M. Mercier.
À une question du procureur de la commission, Alexandre Thériault-Marois, M. Mercier a reconnu qu'il n'était pas dans «le camp des optimistes» face au dénouement du projet, quand il a quitté ses fonctions à l'automne 2020 avant de revenir à la SAAQ en 2022.
«La direction de la SAAQ était un peu prise. Plus tu attends, plus tu es dépendant de la firme et plus le coût d'impact est élevé. C'est comme un cercle vicieux. (...) Moi, j'étais au bout du modèle, je vais le dire comme ça», a-t-il dit.
Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne