Favoriser la responsabilisation de l'adolescent

Par Chantal David
L’adolescent/e se retrouve dans une phase importante de son développement à l’école secondaire. Il passe de l’enfance à l’adolescence qui le mènera vers le jeune adulte.
C’est toute une transition! Il va se détacher de ses parents et vouloir se forger ses propres opinions, son identité se dessine et ses amis/es sont importants. Son corps vit des changements importants qui vont transformer sa vision de lui-même et des autres; il va ressentir ses premiers sentiments amoureux, il va se projeter dans l’avenir au niveau du travail ainsi que dans d’autres projets et réalisations. Il va vouloir acquérir des biens qui ont de plus en plus de valeur.
Il entre donc dans une phase de responsabilisation. Il s’implique dans sa vie scolaire et n’attend plus que maman et papa soit derrière lui pour qu’il fasse ses devoirs, qu’il prépare son lunch et sache comment s’habiller. Bien sûr, le parent est toujours présent et voit à ce que tout fonctionne dans l’ensemble. Cependant, il doit prendre un rôle plus distancé, moins « contrôlant » tout en soulignant les forces qu’il voit se développer ou se renforcer chez son adolescent. « Je vois que tu t’organises très bien le matin, tu te lèves par toi-même et tu es toujours prêt à l’heure pour prendre l’autobus scolaire ! » dira le parent à son jeune. Cela lui apportera fierté et motivation à poursuivre.
Il n’est plus nécessaire d’organiser la période des devoirs de la même façon; il est bon de laisser le jeune prioriser ce qu’il fera et à quel moment. Le parent doit s’assurer que la période de devoirs soit faite, l’ado peut choisir à quel moment de la soirée il est le mieux disposé pour étudier et travailler. Il faut éviter l’argumentation pour des détails qui ne changeront pas le fond de la question.
L’adolescent à besoin de sentir qu’il peut faire des choix dans l’application de ce qu’il a à accomplir. Cela fait partie de la responsabilisation; c’est également un défi pour le parent qui doit accepter de laisser de la liberté à son jeune au quotidien. Une liberté qui se vit à l’intérieur d’un cadre sécurisant.
Effectivement, il est faux de croire que les adolescents n’ont plus besoin d’encadrement. S’ils n’ont plus de points de repère à la maison, ils en cherchent ailleurs au sein de la gang d’amis ou autre genre de gang… Il est donc essentiel qu’ils sentent qu’ils font partie d’une famille et qu’ils ont un rôle important à y jouer; activités sportives, corvées spéciales, tâches ménagères quotidiennes, activités culturelles, plein air, etc.
Les adolescents ont encore le goût d’y participer même si cela arrive moins souvent. Ils doivent sentir que le parent y tiens, non pas pour l’obliger à y être mais parce que ce dernier veut passer du temps avec son jeune et s’intéresse réellement à lui. Le plaisir doit faire partie de l’équation. Rire avec son ado, indique que parents et jeunes ont véritablement le désir de passer du temps de qualité ensemble.
Puis, le cadre sert aussi à faire comprendre au jeune que même s’il est plus autonome, il doit respecter des règles qui tiennent compte de son âge, sa maturité, ses besoins, ses limites et sa réalité (contexte de vie). Alors, il a des choix à l’intérieur de ce cadre et cela ne devient pas trop lourd. Un jeune à qui trop de responsabilités sont données, saute des étapes.
Par exemple, une mère qui demanderait à son jeune de s’occuper de ses frères et sœurs pendant de longues heures, ne lui rendrait pas service; il apprendrait à ne penser qu’aux autres à son détriment. Il négligerait ses devoirs à lui et finirait par se sentir coupable de ne pas tout accomplir. De plus, une colère contre son parent pourrait bien se développer, un sentiment d’injustice et alors des affrontements et de la non-collaboration pourraient apparaître dans les comportements du jeune.
Un parent doit s’efforcer de trouver l’équilibre dans ses demandes et attentes face à son jeune. Ce n’est pas toujours évident. L’adulte peut en parler à d’autres, se baser sur des lectures qui clarifient et donnent des exemples de responsabilités versus l’âge de son adolescent. Quand la situation s’envenime et que les tensions se pointent, le parent peut se rappeler de faire une mise au point avec son jeune pour qu’ensemble ils trouvent des solutions.
Le parent n’a pas à tout régler seul et à imposer ses décisions car cela ne fera que compliquer la situation. Il faut se rappeler que personne n’a de mauvaises intentions entre les deux parties, il faut juste réajuster les façons de faire.
Les ados sont en train de devenir les adultes de demain, il faut donc éviter de les figer dans des rôles restrictifs qui les empêchent d’évoluer. Les adultes ont tendance à vouloir tout étiqueter et les enfants et adolescents finissent par s’y conformer.
Souligner constamment les faiblesses ou vulnérabilités de l’ado en pensant qu’il changera est un leurre. En effet, plus il entend ces jugements qui semblent immuables, plus il agira dans le même sens. De plus, il en voudra à son parent de le classer dans des compartiments desquels il ne peut sortir. Il est bon d’éviter les « Ça c’est mon lunatique, il oublie toujours tout! » et de les remplacer par « Il oublie parfois des choses mais il lui arrive de plus en plus souvent de se rappeler. Il s’est trouvé des moyens pour y arriver ! » Il est facile d’imaginer la fierté de l’ado qui entend son parent parler de lui ainsi.
Toutes ces attitudes et gestes concrets envers l’adolescent vont l’amener à prendre plus de responsabilités car il s’en sentira capable. Il faut y penser chaque jour, les meilleures attitudes du parent consistent à reconnaître les capacités, habiletés, de son jeune et à les lui nommer. Il est bon d’éviter la dramatisation face aux paroles et gestes de l’ado, mais plutôt chercher des solutions avec celui-ci. Il est primordial de l’écouter avec intérêt, de l’accueillir sans jugements et de prendre le temps d’être avec lui. Rire, s’amuser, échanger, bouger,…afin de développer et/ou de renforcer une belle complicité !
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