Être un modèle pour les adolescents

Par Chantal David
Il a été question dans les récents articles des règles à mettre en place pour favoriser une bonne entente entre les parents et leurs adolescents. Elles doivent se faire après avoir déterminé les valeurs qui les sous-tendent. C’est un travail de collaboration où chaque partie se reconnaît et respecte le plus possible l’entente familiale. C’est un processus d’équipe où tout le monde a son mot à dire, où parents et enfants sont reconnus dans leur compétence à trouver des solutions, à participer à la bonne ambiance familiale. L’adolescent renforce son sentiment d’appartenance et cela est primordial pour qu’il ait le goût de collaborer, de se motiver à travers des objectifs réalistes. Les règles doivent être claires, concrètes, constantes et conséquentes. Elles doivent aussi être congruentes.
La congruence demande au parent de montrer l’exemple à ses jeunes. Cela semble être une évidence mais ce n’est pas toujours facile! Il faut se souvenir du « Fais ce que je dis et non ce que je fais! »? Et bien ça ne fonctionne pas car devant une interdiction formelle, l’adolescent va dire à son parent : « Si toi, tu le fais, pourquoi je ne le ferais pas? » C’est plus difficile pour l’ado de comprendre pourquoi il ne doit pas fumer, par exemple, si son parent fume. Cependant, ça ne veut pas dire que le parent doive le laisser faire mais il faut alors lui expliquer concrètement d’où vient la difficulté pour lui d’arrêter. Dépendance, stress, habitude, l’adolescent devra comprendre les enjeux de santé et d’argent donc les conséquences négatives de ce geste. Le parent ne peut se demander la perfection pour pouvoir enseigner à son jeune et l’influencer de manière positive.
Si le parent met en place une règle avec son adolescent qui parle de respect mutuel et d’écoute et que chaque fois que le jeune s’affirme, le parent réagit par la colère, la peine ou le retrait de la relation, il ne fait alors pas preuve de congruence. Si le parent dit qu’il veut communiquer avec son ado mais qu’il travaille tous les soirs de semaine et qu’il est fatigué quand son jeune veut lui parler, il court vers la mésentente.
Les jeunes ne sont pas indifférents à ce que leurs parents leur envoient comme message, même s’ils en ont l’air. Ils vont se retirer, se mettre en colère ou se taper sur la tête si leur parent n’est pas disponible de la semaine pour échanger, les écouter, rire avec eux, etc. Être congruent comme parent à 85% du temps, inspire confiance à l’adolescent.
Voici des exemples d’attitudes qui vont dans le sens des valeurs d’ouverture et d’encouragement à l’autonomie que les parents veulent favoriser chez leurs ados : apprécier le fait que l’ado ait des amis, qu’il s’affirme c’est-à-dire, qu’il dise ses opinions, ce qu’il pense et veut faire, ses désaccords, etc., et ce, d’une façon respectueuse. Le parent accepte que son jeune fasse des choix personnels et en vive les conséquences, l’encourage à exprimer ses émotions et ses besoins (différent des caprices), à partager et aider les autres, à découvrir de nouvelles activités et à se faire de nouveaux amis.
L’adulte accepte aussi que son ado soit parfois entêté, qu’il refuse certaines de ses demandes sans que ce soit grave et qu’il soit un leader dans certaines sphères. Le parent crée des occasions pour échanger avec l’ado, pour passer du bon temps ensemble, il l’encourage à exercer ses habiletés physiques, intellectuelles et relationnelles, à utiliser autant son intuition que sa raison Pour tout cela, le parent doit se distancer le plus possible de la relation de pouvoir qu’il peut avoir sur son jeune. Et il intervient fermement lorsque son adolescent dépasse les limites.
Quand l’adolescent agit de façon inadéquate, le parent qui s’oriente toujours vers les mêmes valeurs de respect et d’autonomie peut intervenir de différentes manières;
-Il peut mettre fin (arrêt d’agir) à un ou des comportements dangereux de ce dernier, pour lui ou les autres (frapper, agresser, consommer excessivement, se mutiler, vouloir utiliser des armes blanches ou à feu, etc.) en prenant des moyens qui fonctionnent dans la famille ou en allant chercher de l’aide à l’extérieur; CLSC, DPJ ou autre organisme ou intervenant.
-Il doit reconnaître les émotions et les sentiments de l’adolescent sans jugements donc en faisant preuve d’une écoute sincère. Derrière tout comportement, il y a des émotions non exprimées et ça vaut la peine d’essayer de les comprendre. Surtout si le parent veut bâtir un lien solide avec son jeune. Ce dernier boude, se replie sur lui-même, est intolérant, frustré, insatisfait, confus, il provoque afin de ne laisser personne indifférent,… C’est le moment de mettre des mots sur ce que le parent constate et le jeune fera le reste…
-Il peut exprimer clairement le sens des valeurs et des règles familiales, en lien avec le comportement inadéquat qui a été posé par le jeune afin qu’il comprenne. Il peut nommer la conduite attendue qui va dans le bon sens. Les attentes claires ainsi exprimées au jeune ne peuvent que le sécuriser, le guider.
-Il doit négocier les conflits relatifs aux besoins; ceux du jeunes et ceux du parent. Lorsqu’ils sont expliqués, partagés et situés dans un cadre réaliste, les besoins peuvent être pris en considération et respectés de manière à vivre au sein d’une bonne entente. Les comportements qui suscitent ce genre d’intervention sont entre autres, les retours tardifs à la maison, les dépenses d’argent, les problèmes autour des tâches ménagères, etc.
C’est un réel défi d’intervenir auprès des adolescents en se respectant et en respectant le stade de développement dans lequel ils évoluent.
Dans le prochain article, il sera question des types de parents et des impacts sur les jeunes qui doivent composer avec eux…
Texte inspiré des écrits de Germain Duclos, Danielle Laporte et Jacques Ross, « L’estime de soi de nos adolescents, guide pratique à l’intention des parents », aux éditions de l’hôpital Sainte-Justine.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.