Donner des responsabilités à son adolescent

Par Chantal David
Les adolescents peuvent faire des tâches plus complexes et/ou plus difficiles et ce dès la période de transition entre l’enfance et l’adolescence. À 10 ans même si le jeune est peu enclin à rendre service de lui-même, il sera fier de pouvoir rester seul à la maison pour de courtes périodes. Le parent doit toutefois tenir compte de sa maturité et de ses comportements. Un enfant immature et hyperactif par exemple, n’est sans doute pas prêt à se garder seul! Et ce, même si la loi le permet à partir de l’âge de 10 ans.
Le préadolescent de 11 ans a tendance à éviter les tâches domestiques. Sans lui faire de reproches, on peut faire avec lui un tableau où les corvées qu’il a à faire sont inscrites et où il accumule des points pour obtenir des privilèges à la fin de la semaine ou du mois. Les privilèges sont choisis ensemble et varient entre des choses qui s’achètent (pas cher) et d’autres qui sont gratuites comme du temps de qualité passé ensemble. Le jeune doit se sentir motivé par les privilèges, alors il faut prendre le temps de bien les choisir.
À partir de 12 ans, le jeune se résigne à faire des tâches. Il peut aider ses parents dans tout ce qui concerne le ménage hebdomadaire dans la maison. Il peut faire du lavage et aider les adultes à cuisiner avec supervision. Quand le parent fait des grands ménages, c’est-à-dire, qu’il va plus en profondeur et/ou qu’il fait de la sélection entre ce qu’il garde et ce qu’il ne garde pas (garde-robe, paperasses, outils, matériel de cuisine, etc) il est bon d’impliquer le jeune qui pourra refaire la même chose dans sa chambre spontanément sans qu’on lui ait demandé.
Le parent sert de modèle en passant à l’action mais aussi en exprimant les bienfaits des tâches ménagères; hygiène, se retrouver dans ses affaires, faire circuler le matériel qui n’est plus utilisé, le bien-être qui est ressenti après le ménage, la satisfaction d’avoir fait quelque chose, d’avoir pris soin de soi et des lieux, bref cela peut devenir amusant et normalisé au sein de la routine de la maisonnée.
Il faut éviter de vouloir que la maison soit d’une propreté excessive, de donner des commandements et d’exiger que tout soit fait tout de suite et à la manière du parent, il ne faut pas non plus tomber dans l’autre extrême en faisant tout pour le jeune. Le parent a un rôle d’éducateur et il nuit à l’autonomie de son adolescent en l’empêchant d’apprendre à tenir maison, à cuisiner, à laver, à entretenir le terrain, laver la voiture, etc.
Il est bon de souligner les différentes tâches développementales dont l’adolescent doit s’acquitter : accéder à l’indépendance émotionnelle vis-à-vis des parents et des autres adultes, assurer son indépendance économique, choisir un métier et s’y préparer ainsi que se préparer pour la vie de couple et familiale. Dans cette perspective, l’adolescent ne doit pas fonctionner seulement avec une paye. Si le parent met de l’avant une valeur telle que l’entraide au sein de la famille, il choisira de donner de l’argent seulement pour des tâches plus spécifiques ou plus difficiles.
Selon la loi, à 13 ans, le jeune peut faire des corvées plus difficiles comme de passer la tondeuse sans risquer de se blesser gravement. Encore là, si mon ado ne mesure que 1,53 mètre (5 pieds) et pèse 36 kg (80 livres), le parent va éviter de lui faire passer la tondeuse à gaz! Le gros bon sens doit prévaloir dans toutes les décisions qui touchent la sécurité affective et physique de l’adolescent. Les filles de cet âge peuvent se montrer plus serviables et prendre des initiatives qu’il est bon de souligner. Chaque fois que le jeune pense à prendre les devants pour faire une tâche ou qu’il pense à quelque chose que le parent ne lui a pas montré, il est important de le féliciter si le parent veut que cela se reproduise.
Puis, le jeune de 14, 15 et 16 ans, se responsabilise de plus en plus face aux tâches auxquelles il doit participer. Il se préoccupe de plus en plus de l’ordre et de l’apparence de ses vêtements. Il est soigneux et aime que sa chambre soit agréable à utiliser. Dès ses 10-11 ans, la chambre de l’adolescent doit être un endroit qui lui appartient qu’il puisse la décorer à son goût et la tenir dans l’ordre ou le désordre sans que cela soit problématique. Les règles de base peuvent s’en tenir à l’hygiène de base soit, accepter le désordre mais pas l’insalubrité (nourriture qui traîne, serviettes humides entassées, poubelle pleine pas vidée, etc.). L’adolescent a besoin que le parent respecte son coin à lui.
L’adolescent, peu importe son âge, doit comprendre l’importance de sa participation aux tâches tant pour le bon fonctionnement de la famille mais aussi pour favoriser ses apprentissages et le développement de ses compétences qui lui serviront dans sa vie adulte. Il est erroné de penser que la seule tâche de l’adolescent doit être les études. Il n’apprend à gérer les différents défis que la vie apporte. Et cela lui nuira une fois adulte. Vers les 15 ans, quand il commencera à travailler, il sera bon de lui montrer à gérer de l’argent. Si le parent ne veut pas le faire, il peut trouver un adulte qui aura le goût de le faire.
En conclusion, il est important de souligner à quel point l’adolescent à encore besoin de ses parents pour l’accompagner et l’encourager dans tous ses apprentissages autour du savoir-être et faire familial au quotidien.
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