La violence conjugale perdure

Par Yves Bélanger
On a beau parler de plus en plus de la problématique, la dénoncer et même briser les tabous qui l'entourent, la violence conjugale continue de faire plusieurs victimes. Il s'agit d'un problème social d’envergure car les conséquences peuvent être très lourdes sur le plan humain, social et économique, tant pour les victimes de violence que pour l’ensemble de la société.
À Chambly, la Maison Simone Monet-Chartrand accueille des femmes victimes de violence depuis bientôt 30 ans. Chaque année, plusieurs femmes et leurs enfants y trouvent refuge pendant plusieurs semaines, le temps de faire le point et de briser le cercle de la violence.
Monique Simard, directrice générale de la Maison Simone Monet-Chartrand, en a vu passer des femmes au cours des 16 dernières années. « C'est évident qu'on en a sauvé des vies. Certaines des femmes qui sont venues chercher la sécurité chez nous ne seraient sans doute plus de ce monde si elles n'avaient pas demandé notre aide. »
Parmi la clientèle de l'organisme, il y a des femmes qui proviennent de tous les milieux. Certaines vivent de la violence depuis peu de temps alors que d'autres vivent dans un milieu violent depuis leur naissance. « Il y a déjà eu une de nos résidentes qui m'a dit qu'elle avait toujours pensé que toutes les femmes mariées étaient battues. Que le lien du mariage permettait cela. Il faut travailler fort avec ce type de clientèle pour changer la pensée de fond. »
Elle explique que la violence conjugale se manifeste sous plusieurs formes et qu'elle occasionne de nombreuses conséquences pour les victimes. Elle est souvent insidieuse et les premiers signes peuvent être subtils et difficiles à déceler. « Il est important de demeurer alerte aux messages de nos proches et des gens de notre entourage afin d'être en mesure d'aider les femmes et les enfants victimes et/ou témoins de violence conjugale. »
La Maison Simone Monet-Chartrand peut accueillir une douzaine de femmes à la fois avec ou sans enfants. « Nous ne refusons aucune demande. Si nous sommes complets, nous communiquons avec les autres maisons d'hébergement de la région pour qu'elle puisse recevoir une femme en détresse qui fait appel à nous. Les femmes qui débarquent chez nous sont en danger et nous ne pouvons nous permettre de refuser de les aider. »
Une femme qui craint pour sa sécurité si elle ne s'éloigne pas assez de son conjoint violent peut également demander d'être hébergée dans une autre ville et même une autre région. « Nous faisons partie d'une fédération qui regroupe 100 maisons d'hébergement pour femmes au Québec. Nous travaillons toutes en collaboration. »
La Maison Simone Monet-Chartrand est plus qu'un centre d'hébergement temporaire. Un suivi individuel et des ateliers de groupes sont à la disposition des pensionnaires et aux femmes suivies par l'organisme. L'équipe formée d'une vingtaine de professionnels offre aussi du soutien et de l'écoute et ce à toute heure du jour et de la nuit. « Nos intervenantes accompagnent également les femmes dans leurs démarches. »
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