Une aide précieuse pour les enfants autistes

Par Claudy Laplante-St-Jean
Depuis que Morgan est entrée dans la famille Gagné, avec ses yeux attendrissants et son pelage luisant, elle a complètement changé leur vie. Le petit Mathieu, un autiste qui ne parlait pas auparavant, a commencé à s'adresser au chien tandis que son grand frère, Olivier, lui aussi atteint d'autisme, a fait pour la première fois une nuit complète. Cette situation encourageante se répèterait dans plusieurs familles, selon une étude de la Fondation MIRA, qui démontre qu'avoir un chien d'assistance fait grandement baisser le niveau de stress autant pour les enfants qui vivent avec un trouble envahissant du développement (TED) que leurs parents.
« Au printemps 2003, MIRA développait un premier protocole exploratoire d'attribution de chien à des familles dont les enfants vivent avec différentes situations de handicap. Comme résultat, il nous apparaissait évident que le chien pouvait venir en aide à des familles dont les enfants présentent un TED ou trouble dans le spectre de l'autisme (TSA). Il y avait clairement peu de résultats et de recherche sur la question de l'impact du chien dans la vie de ces enfants ainsi que leur famille », a mis en contexte Noël Champagne, un résidant de Carignan psychologue pour la Fondation MIRA, dans une conférence de presse, le 15 avril, à Sainte-Madeleine.
Dès l'automne de la même année, la Fondation a alors entrepris une étude auprès de 54 familles dans laquelle elle a recueilli un savoir d'importance. À partir du cortisol salivaire, une hormone de stress sécrétée dans la salive, les chercheurs ont démontré que le chien produisait un effet sur la réduction du stress et d'anxiété chez l'enfant.
C'est pourquoi, de 2006 à 2009, la Fondation a retenté le coup avec une étude de plus grande envergure cette fois-ci avec 120 familles, dont la moitié était un groupe contrôle (sans chien) et l'autre, expérimental (avec chien). Pendant 16 semaines, la salive des enfants et des parents a été recueillie trois fois par jour (réveil, 30 minutes après le réveil et au coucher). « Dans le groupe témoin, on pouvait voir un lien biologique clair; le stress se transférait entre le parent et l'enfant. Le transfert se faisait aussi d'une semaine à l'autre. Dans le groupe avec des chiens, on a pu voir que ce lien était brisé. Le chien a un effet apaisant. Toute l'attention sociale portée par le parent envers l'enfant, et vice-versa serait dorénavant moins intensive depuis la venue du chien d'assistance. Tout compte fait, l'effet relevé dans l'étude suggère que chaque membre de la famille dispose de plus de moments de répit sur le plan relationnel depuis la venue du chien », s'est réjoui Marcel Trudel, professeur associé au département de psychoéducation de l'Université de Sherbrooke, qui a participé à l'étude.
« Ça fait 22 ans que je travaille sur le stress. Quand j'ai vu les résultats, pardonnez-moi l'expression, j'étais flabbergastée ! Je n'avais jamais vu des résultats aussi drastiques. Ça a complètement changé ma carrière, je me suis mise à faire des interventions. MIRA a eu un effet sur la recherche sur le stress », explique Sonia Lupien, qui a collaboré à l'étude. Doctorante en neuropsychologie, celle-ci est aussi directrice scientifique du Centre d'études sur le stress humain affilié à l'Université de Montréal.
Notons qu'après l'étude, les 120 familles ont reçu leur chien d'assistance.
Du bien pour toute la famille
Pour la famille Gagné, l'aventure a commencé quand ils ont ouvert la porte et que Morgan est entrée dans leur maison de Saint-Hilaire, l'été dernier. « Ça a fait une espèce de décompression, d'accalmie », se rappelle la maman, Sylvianne Gagné.
En parlant des observations faites chez ses deux garçons autistes avec l'arrivée du chien d'assistance, celle-ci a encore des frissons. « Olivier est très anxieux. Pour lui, sortir de la maison, c'est difficile. Il se fait plein de scénarios. Avec Morgan, c'est comme s'il trainait une partie de chez lui avec lui. C'est une sécurité. Le plus gros changement, c'est qu'avant, il n'avait jamais dormi une nuit complète. Il se réveillait entre trois et 11 fois avec des terreurs nocturnes. La première nuit que Morgan a passée avec lui, il ne s'est pas réveillé une fois. Et ça continue depuis. »
Du côté de Mathieu, celle-ci explique qu'il était un enfant quasi non verbal et qu'elle ne connaissait pas son niveau de compréhension. « Il a commencé à s'adresser au chien. Avec son doigt, il lui disait oui, non. On a compris qu'il était capable de se situer dans l'espace et de parler ! »
« Je me suis toujours demandé ce qu'était une famille normale. Maintenant, j'ai l'impression qu'on est un peu plus comme ça. On commence à avoir du plaisir, ça, c'est un beau cadeau. MIRA, c'est un peu comme ma famille », conclut la mère de famille avec émotions.
Encore plus
Visiblement très ému, le fondateur et président-directeur général de Mira, Éric St-Pierre, a aussi annoncé que MIRA doublera le nombre de chiens d'assistance pour les enfants présentant un trouble envahissant du développement. D'ici deux ans, le nombre de compagnons passera de 60 à 120 grâce au projet Schola Mira, qui vient en aide aux familles et aux enfants atteints d'un TED ou d'un TSA. « MIRA, c'est une histoire d'amour. S'il n'y avait pas le peuple derrière MIRA, il n'y aurait rien qui se serait passé ici. »
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