Lutter contre l'intimidation sur plusieurs fronts

Par Claudy Laplante-St-Jean
Parce que les victimes osent dénoncer, le nombre d'enquêtes criminelles reliées à l'intimidation dans les écoles de la région a doublé de 2011 à 2012, passant de 12 à 25. Non pas parce qu'il y a plus de cas, selon Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent, mais bien parce que les jeunes osent briser le silence.
Ces 25 enquêtes se sont soldées, soit par des mesures extrajudiciaires, qui sont utilisées dans le cadre de Loi sur le système de justice pénale pour adolescent (voire encadré) ou par des dossiers criminels.
« Souvent quand on se fait intimider, on se fait dire de ne pas en parler. C'est la pire chose à faire. Nous, le message que l'on transmet dans nos conférences, c'est de dénoncer ! Et bien, là, on en a la preuve », explique le sergent Pierre Tremblay, de la Section relations publiques et communautaires, de la Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent.
Avec l'arrivée d'Internet, des téléphones intelligents et des réseaux sociaux, le phénomène, qui se déroulait seulement de jour, à l'école, est maintenant un problème à temps plein pour les victimes.
« Avant, un élève qui s'était fait intimider à l'école revenait chez lui et c'était fini. Maintenant, il revient, il ouvre son ordinateur pour jaser avec ses amis et ça continue. L'intimidation, c'est 24 heures sur 24 », indique le porte-parole.
Celui-ci ajoute que l'intimidation à l'école et la cyberintimidation ne sont plus dissociables. « Si un jeune tient des propos diffamatoires le soir, sur Internet, le lendemain, sa victime, elle devra vivre avec les conséquences », poursuit-il.
Depuis 2005, le corps policier se promène dans les écoles pour offrir des conférences aux élèves de 6e année au primaire et du secondaire afin de sensibiliser les jeunes à cette problématique et les informer sur le système judiciaire ainsi que les droits de la personne.
Les écoles avant tout
D'où l'importance pour les écoles d'avoir un plan concret pour réagir à la situation puisqu'elles sont les premières intervenantes dans le dossier avec les parents.
« On a une très bonne collaboration avec les écoles. Nous sommes là pour les soutenir dans leurs démarches et dans leurs programmes contre l'intimidation. En tout temps, on peut faire appliquer la Loi », indique le sergent Tremblay. Par exemple, dans le cas d'un jeune suspendu en raison d'intimidation, la police peut se rendre dans l'établissement scolaire à son retour en classe pour lui expliquer la gravité des gestes qu'il a commis. Elle peut aussi prêter assistance dans certains dossiers plus graves.
De son côté, la commission scolaire des Patriotes a indiqué que chaque école avait son propre plan adapté à la lutte contre l'intimidation. Son sur son site Internet, elle explique aussi comment vivre sur les médias sociaux comme dans la vraie vie. « On veut vraiment sensibiliser les élèves à se comporter de façon adéquate sur les réseaux sociaux comme dans la cour d'école », confie Lyne Arcand, porte-parole de la commission scolaire des Patriotes en ajoutant que l'approche de l'établissement est beaucoup axée sur la prévention et la sensibilisation bien que la commission scolaire intervienne quand cela est nécessaire.
Responsable de ses écrits sur Internet
Si la Régie traite avec la cyberintimidation depuis 2005, elle avait déjà des plaintes sur celle-ci avant cette année, mais elle se demandait toujours si le cyberespace était un lieu de crime. La réponse est oui.
« Les jeunes se sentent en sécurité sur Internet, à l'abri, dans leur chambre, avec personne autour. Ils vont se vider le cœur. Tout ce qu'ils écrient, ils vont le rendre publique. Tu es responsable de tout ce que tu écris sur Internet », affirme le sergent Tremblay en précisant que les crimes les plus fréquents sont l'intimidation, le harcèlement et le libelle diffamatoire.
Celui-ci prévient aussi que tout ce qui est envoyé sur Internet, photos ou vidéos embarrassantes, reste sur la Toile.
La justice pour les jeunes
Même si un jeune n'est pas judiciable avant l'âge de 12 ans et qu'il ne peut recevoir d'accusations, la police peut faire un rapport de l'événement et l'envoyer au Département de la protection de la jeunesse (DPJ) qui se chargera du dossier.
La Loi sur le système de justice pénale pour adolescent, qui s'adresse aux jeunes de 12 à 18 ans, prévoit des mesures extrajudiciaires pour les jeunes qui ont perpétré des infractions moins graves. Celles-ci n'impliquent pas de dossier judiciaire.
Dans le cas d'une vétille, l'agent a l'option de seulement avertir l'adolescent sans aucune autre conséquence. On parle d'un cas où, par exemple un jeune se fait prendre à vandaliser une pancarte.
Dans le cas d'un délit mineur, le policier peut lui donner un avertissement et entrer l'incident dans le système. Il a aussi comme recours d'envoyer le jeune dans un organisme de justice alternative où il aura à faire des travaux communautaires ou des rencontres de groupe pour prendre conscience de ces gestes.
Dans le cas d'un acte criminel, le dossier est remis entre les mains d'un procureur.
Si tu es victime de cyberintimidation
Ne réponds pas aux messages intimidants.
N'aie pas peur d'en parler ! Parles-en à un adulte que tu connais et en qui tu as confiance.
Informes-en ton fournisseur d'accès à Internet ou ton fournisseur de téléphonie cellulaire.
N'efface pas les messages intimidants. Tu n'es pas obligé de les lire, il suffit que tu les gardes dans le système à titre d'éléments de preuve.
Signale-le à la police locale
(Source : Régie de police Richelieu-Saint-Laurent)
Conseils pour les parents
Abordez sans gêne le sujet de l'intimidation.
Installez l'ordinateur dans une pièce commune, ouverte.
Informez le fournisseur d'accès à Internet ou le fournisseur de services de téléphonie mobile de l'intimidation.
N'effacez pas les messages, gardez-les comme éléments de preuve.
Logiciels d'assistance, le logiciel de contrôle parental de McAfee filtre les messages instantanés et les bavardoires.
(Source : Régie de police Richelieu-Saint-Laurent)
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