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Particules en suspension

Les incendies de forêt nuisent à la qualité de l'air à l'intérieur des bâtiments

durée 18h00
21 juillet 2023
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne

La fumée des feux de forêt planant sur les communautés dans l'ensemble du Canada au cours des derniers mois a mis en évidence la nécessité d'une meilleure ventilation dans les bâtiments utilisés par le public, disent les experts qui souhaitent la mise en place de normes strictes de qualité de l'air intérieur.

Les problèmes de santé liés à la fumée des incendies de forêt ont été mis au premier plan cette semaine après qu'un garçon de neuf ans en Colombie-Britannique est décédé d'un asthme exacerbé par la fumée des feux de forêt.

Les experts disent que les recommandations actuelles sur la qualité de l'air pour les espaces publics ne sont pas suffisantes pour empêcher les petites particules, y compris les polluants de la fumée, de circuler à l'intérieur des bâtiments.

Alors que les incendies de forêt devraient augmenter dans les années à venir – selon les estimations, ils augmenteront de 25% d'ici 2030 – il est primordial de réfléchir à la manière de rendre l'air intérieur plus sûr à respirer, selon les experts.

«Les particules, les particules fines dans l'air – la fumée en fait partie – sont de loin le polluant le plus nocif et ce qui cause le plus de dommages à la santé publique», dit Joey Fox, ingénieur et président du groupe consultatif sur la qualité de l'air intérieur pour la Société des ingénieurs professionnels de l'Ontario.

Les réglementations sur la qualité de l'air varient selon les juridictions fédérales et provinciales, mais aucune n'impose l'utilisation de filtres à particules à haute efficacité – ou HEPA –, ou ceux qui ont une valeur de rapport d'efficacité minimale de 13 – appelée MERV-13 – ou plus.

De nombreuses organisations choisissent d'améliorer leurs systèmes de ventilation, mais M. Fox pense que des filtres de haute qualité devraient être une exigence et non une suggestion.

«Les bâtiments nous ont rendus malades, soutient-il. L'utilisation de filtres qui aident à protéger les personnes est une mesure que nous devons vraiment mettre de l'avant.»

Selon le Centre canadien d'hygiène et de sécurité au travail, des études montrent que la mauvaise qualité de l'air intérieur dans les immeubles de bureaux et les écoles est associée à une augmentation des problèmes de santé, de l'absentéisme, de la perte de productivité et des relations tendues entre les employés et les employeurs.

Santé Canada recommande que les édifices publics et les institutions installent des systèmes mécaniques de chauffage, ventilation et conditionnement de l'air (CVCA) pouvant être équipés d'un filtre MERV-13 ou supérieur pour éliminer les particules fines, mais cela n'est pas légalement requis.

Des normes variables

Les conseils scolaires de tout le Canada investissent dans l'amélioration de la qualité de l'air dans les salles de classe pour prévenir les maladies transmissibles, en particulier depuis la pandémie de COVID-19, mais les normes et les recommandations varient.

En Ontario, on s'attend à ce que les conseils scolaires utilisent des filtres MERV-13 pour les écoles dotées d'une ventilation mécanique.

En Colombie-Britannique, il est recommandé que les districts scolaires «entretiennent régulièrement les systèmes de CVCA» et ouvrent les fenêtres dans la mesure du possible. La province affirme avoir dépensé 2,5 millions de dollars pour installer 1 914 unités de filtration HEPA autonomes dans des salles de classe sans ventilation mécanique.

Stéphane Bilodeau, expert en ventilation intérieure et chargé de cours au département de bio-ingénierie de l'Université McGill, dit qu'il est temps d'aller au-delà des suggestions pour la qualité de l'air intérieur.

«Il devrait y avoir un peu plus qu'une simple recommandation, car cela n'affecte pas seulement les gens mais la société, plaide-t-il. Si vous laissez un grand nombre de personnes être affectées par leur santé, cela se répercutera certainement sur le système de santé à certains égards.»

La plupart des codes du bâtiment au Canada utilisent ce qu'on appelle la norme ASHRAE 62.1 pour quantifier le niveau de ventilation et la qualité de l'air intérieur acceptables pour les humains.

Les normes recommandent un niveau minimum de filtration à MERV-8, mais bien que cela soit efficace pour prévenir la poussière et une certaine pollution de l'air, les experts disent qu'il n'est pas suffisant pour empêcher les polluants extrêmes tels que la fumée des feux de forêt.

«Les normes pour les nouveaux bâtiments au Canada reposent toujours sur la filtration, qui n'est pas une filtration à haute efficacité... c'est donc là que se situe le problème», explique M. Bilodeau.

Jeffrey Siegel, professeur de génie civil à l'Université de Toronto, dit qu'il y a un manque de communication de la part des responsables de la santé publique sur les avantages de l'amélioration de la qualité de l'air.

«Pour la plupart des Canadiens, ce que nous respirons dans l'air intérieur est notre principal risque environnemental pour la santé», souligne-t-il.

William Eltherington, La Presse Canadienne

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