Dès 2025
Énergies fossiles: des scientifiques pressent Ottawa d'imposer un plafond au plus tôt
Par La Presse Canadienne
Des scientifiques et universitaires exhortent le gouvernement Trudeau à presser le pas et à imposer dès 2025 un plafond sur les émissions du secteur des énergies fossiles.
Devant l'imminence de la saison des incendies de forêt, plus de 200 scientifiques et universitaires ont expédié une lettre au ministre de l'Environnement Steven Guilbeault, mardi, pour signaler l'urgence d'imposer un plafonnement aux compagnies pétrolières et gazières.
Ils estiment qu'il faut plafonner les émissions de ces industries en 2025 «au plus tard», donc adopter un projet de règlement d'ici l'été.
Les signataires réclament en outre d'éliminer «toutes les échappatoires actuellement prévues dans le cadre publié en décembre dernier».
Le gouvernement fédéral a annoncé en décembre un cadre réglementaire pour plafonner les émissions de gaz à effet de serre du secteur pétrolier et gazier, afin que les industries les réduisent d'au moins le tiers d'ici 2030.
Le système de plafonnement et d’échange proposé vise à limiter la pollution, et non pas la production, et il prévoit des assouplissements «afin de répondre à la demande mondiale de pétrole et de gaz».
Le gouvernement fédéral propose de plafonner les émissions en 2030 de 35 à 38 % sous les niveaux de 2019, mais en réalité, si l'on tient compte des assouplissements, l'industrie pourra produire des niveaux d’émissions de 20 à 23 % sous les niveaux de 2019, à condition que les entreprises achètent des crédits de compensation ou qu'elles contribuent à un fonds de décarbonation.
Selon les scientifiques et universitaires qui ont signé la lettre, ces assouplissements ne permettront pas vraiment de diminuer les émissions.
«Permettre tous ces passe-droits, c’est tout simplement autoriser les compagnies pétrolières et gazières à acheter leur droit de polluer plutôt que de réduire leurs émissions réelles. Cela serait un échec pour le Canada dans l'atteinte de ses objectifs pour 2030 ou 2050», a déploré Éric Pineault, professeur à l'Institut des sciences de l'UQAM.
«Nous ne verrons pas de réel progrès climatique tant que les émissions du secteur pétrolier ne seront pas réellement et fortement réduites», a renchéri Angela Carter, titulaire de la Chaire de la gouvernance et politique publique de l'énergie équitable de l'Université Memorial.
Les signataires font valoir que la prochaine décennie sera cruciale pour réduire les émissions et maintenir l'augmentation de la température à 1,5 degré Celsius.
«Notre climat ne supportera pas de retard supplémentaire: des feux de forêt aux inondations, en passant par les vagues de chaleur extrême, les Canadiens et Canadiennes subissent déjà les effets dévastateurs du changement climatique», soulignent-ils dans la lettre.
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