Près de 3,1 millions de demandes en mars
La fréquentation des banques alimentaires fracasse un nouveau record
Par La Presse Canadienne
L’insécurité alimentaire continue de s’aggraver au Québec alors que l’achalandage dans les banques alimentaires fracasse de nouveaux records.
Les banques alimentaires du Québec ont répondu à près de 3,1 millions de demandes d’aide alimentaire en mars 2025, selon le Bilan-Faim 2025 publié lundi. «C’est immense!», a réagi le directeur général des Banques alimentaires du Québec (BAQ), Martin Munger, en entrevue.
Il s'agit d'une progression de 6,6 % depuis l’an dernier. La hausse est encore plus importante lorsqu’on la mesure sur trois ans avec un bond de 37 % depuis 2022.
«La fréquentation des banques alimentaires n'a cessé d'augmenter et elle continue d’augmenter cette année», a déploré M. Munger.
Fortement sollicitées, les banques alimentaires peinent à répondre à la demande croissante, même si elles distribuent plus de denrées, a souligné le directeur général. Les subventions de Québec, indexées au coût de la vie, ne suivent pas l’augmentation réelle de la demande, a-t-il ajouté.
Cette situation crée «une espèce de goulot d’étranglement», a-t-il expliqué. «Souvent, les organismes sur le terrain sont dans des installations plus petites, qui n’ont pas suffisamment d'espace de réfrigération ou de congélation.»
Trop serrés, certains organismes manquent de bras. «On n’a pas de difficulté à trouver des bénévoles, a dit M. Munger. C’est un travail valorisant. À un moment donné, si on n'a pas d'espace pour les faire travailler, on ne peut pas en prendre plus, non plus.»
Dans le réseau, 29,4 % des 1400 organismes ont dû réduire la taille de leur panier pour servir plus de personnes, toujours selon le Bilan-Faim. Ils sont 10,6 % à avoir été dans l'impossibilité de fournir une aide, faute de denrées.
Explosion du coût de la vie
L’augmentation du coût de la vie accentue l’insécurité financière des plus vulnérables, a expliqué la directrice générale de Moisson Montréal, Chantal Vézina, en entrevue.
«Tout coûte beaucoup plus cher: la nourriture, le logement, le transport, a-t-elle énuméré. Il y a quand même aussi maintenant la téléphonie qui fait partie de notre vie. Alors, tous ces frais-là augmentent continuellement.»
Dans le volet montréalais du Bilan-Faim, Moisson Montréal souligne que le loyer d’un quatre et demi a augmenté de 18 % entre 2022 et 2024. Le prix d’une alimentation «saine et équilibrée» a augmenté de 16 % sur la même période.
À Montréal, de plus en plus d’étudiants recourent aux banques alimentaires, tandis que les loyers ont augmenté et que le marché de l’emploi est plus difficile pour les jeunes, a souligné Mme Vézina.
M. Munger a précisé que les données du Bilan-Faim ont été compilées en mars. Il craint que la situation se soit détériorée depuis. Il a évoqué les répercussions des tensions commerciales, faisant référence aux mises à pied récentes qui ont fait les manchettes.
Devant la hausse de l’insécurité alimentaire, il faudra trouver des solutions pour mettre plus d’argent dans les poches des plus démunis, pour qu’ils puissent s’acheter eux-mêmes leur nourriture, a plaidé M. Munger.
«C’est une amélioration des programmes sociaux, c’est une amélioration du salaire minimum, c’est de régler la crise du logement, a-t-il enchaîné. Si on n’a pas de réponse à ces facteurs-là, ça va continuer de croître (la fréquentation des banques alimentaires).»
Stéphane Rolland, La Presse Canadienne
