Jacques Millier est assurément le plus grand joueur de Balle-molle (softball) méconnu à ce jour au Canada. Cet homme de 1,9 mètre (6 pieds, 4 pouces) et de 109 kg (240 livres) a dû abruptement prendre sa retraite en 2009, à l'âge de 39 ans. Malheureusement affecté par un cancer, il est décédé le 7 juillet dernier. Il laisse dans le deuil sa femme Marie-Josée Dumont et ses enfants.

@R:Le Chambly Express.ca a eu le privilège de pouvoir s'entretenir avec sa femme ce qui a permis de revivre les plus beaux moments de sa carrière. Nous en avons appris énormément sur un très grand frappeur, mais d'autant plus sur l'homme. Grâce à sa générosité, nous espérons vous faire découvrir l'homme qu'était Jacques « The Snake »  Millier.

Ses débuts

À 17 ans, déjà fort comme un homme, ce gaillard a été chassé d'un terrain de baseball après avoir fracassé les vitres d'un immeuble situé derrière les clôtures. Par la suite, Jacques débuta sa carrière à la balle donnée en 1989 pour une équipe du nom de Taverne du Boulevard dans la région de Saint-Hyacinthe.

Avant même de frapper la grosse balle molle, Jacques était un excellent joueur de baseball. Malheureusement, ou heureusement pour lui, personne ne l'a dirigé vers ce sport. Une chose sûre, il avait le talent pour frapper des missiles à des distances incroyables et il se passionnait pour le sport de la balle. « Hiver comme été, il avait toujours un bâton et il frappait des balles tous les jours. S'il fallait qu'il s'entraine avec une roche, il le faisait », raconte son épouse.

Dans ses débuts, il a conquis six Championnats canadiens en sept tentatives avant d'en remporter quelques autres au cours des dernières années de sa carrière. De 1989 à 1993, aucun autre canadien ne s'est approché des statistiques de Jacques Millier dans les catégories des circuits, de moyenne au bâton et des points produits, du temps où il a  représenté Équipe Québec.

Le pionner aux États-Unis 

Suite à tous ses exploits, Jacques Millier décida, en 1991, de débourser 1 000 $ pour participer au camp des Steel's d'Ohio, une équipe américaine classée troisième au monde à ce moment. Malheureusement pour lui, la saison 1991 a été annulée faute d'argent. Le joueur de troisième but fera donc ses débuts lors de la saison 1992 et est devenu du même coup le premier Canadien à faire partie d'une équipe professionnelle de balle-molle aux États-Unis.

Durant les deux premières saisons avec les Steel's, Millier frappa 298 coups de circuit et afficha une moyenne de 0,680 au bâton. « Lorsqu'il est arrivé aux États-Unis, le plus gros changement était qu'il fessait partie des plus petits malgré ses 6'4 et plus de 240 livres. »,  nous a confié Marie-Josée Dumont.

Suite à ses succès, il a rejoint la meilleure équipe au monde, le Ritch-S Superior, en 1994. Il connaitra d'ailleurs une saison du tonnerre avec une récolte de 70 circuits en seulement 40 matchs. À la fin de la saison, Millier était considéré comme le deuxième meilleur joueur au monde.

Il est même invité à participer à un concours de coups de circuit par la compagnie TPS Louiville Slugger. Si on se rappelle, le baseball majeur était alors en grève et Millier s'est assuré de marquer les Américains avec une balle propulsée à plus de 145 mètres (475 pieds) du marbre, au deuxième balcon du champ centre au Busch Stadium à Saint-Louis.

Tournois Pif Dépatie

Au cours de sa carrière, « The Snake » a été l'un des participants les plus marquants du Tournoi Yvon "Pif" Dépatie, à Fleurimont.  En 1993, lors de la 18e édition, il a  mené son équipe en finale contre une puissance américaine. Malgré une défaite en finale, il a récolté l'honneur du joueur par excellence du tournoi avec des statistiques impressionnantes. En sept rencontres, Millier a obtenu 20 coups sûrs en 27 présences au bâton pour une moyenne de 0.741. De plus, il a récolté 10 coups de circuit et 27 points produits.  À noter que les équipes du Québec ont remporté ce tournoi à seulement trois occasions en 35 ans d'histoire.

En terminant, dans sa carrière, il aura terrifié les lanceurs adverses avec ses « Millier »  de circuit. Au point même que certains tournois l'empêchaient d'y participer parce qu'il frappait trop fort. Jacques s'est retiré du softball d'élite en 2003 pour se consacrer davantage à sa famille. Souhaitons simplement que l'homme qu'il était soit reconnu à sa juste grandeur dans l'histoire du softball canadien.