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Assouplir le partage de l'information pour prévenir les suicides, selon des policiers

durée 17h48
2 juin 2022
La Presse Canadienne, 2022
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Par La Presse Canadienne, 2022

MONTRÉAL — Des corps policiers demandent des changements législatifs pour favoriser le partage d'information de la part du réseau de la santé concernant les personnes en détresse psychologique faisant souvent l'objet d'appels au 911, afin d'éviter des drames. 

Des représentants du milieu policier ont parlé de leur réalité au deuxième jour des volets recommandations et représentations de l'enquête publique du Bureau du coroner sur la thématique du suicide, au palais de justice de Trois-Rivières, jeudi.

Les notions de confidentialité et du secret professionnel doivent être assouplies, a soutenu la capitaine et commandante adjointe de la Direction adjointe de la surveillance du territoire au Service de police de la Ville de Québec (SPVQ), Julie Marcotte.

«Quand il y a de l'urgence, l'information rentre et sort, il n'y en a pas de problème», a exposé la commandante. Mais lorsque le danger n'est pas immédiat ou pour de futures interventions, les policiers se frappent à un refus des professionnels de la santé, a déploré Mme Marcotte, devant la coroner Me Julie-Kim Godin.

Le devoir de confidentialité qui s'applique aux équipes de soins «brime» le travail des agents lorsqu'ils interviennent régulièrement auprès des mêmes personnes en détresse. Plus souvent qu'autrement, elles sont retournées à l'hôpital, a décrit la gestionnaire.

S'inspirant de la police d'Ottawa, le SPVQ a tout de même mis sur pied des carrefours d'échanges avec le CIUSSS de la région et un service d'aide en situation de crise afin d'établir les actions à poser auprès de cas récurrents. Mais à la grande différence du modèle ottavien, le corps policier de Québec se heurte à davantage de contraintes sur le plan de la confidentialité. 

Les intervenants en santé se montrent d'ailleurs «très frileux» à promouvoir publiquement leur collaboration avec le SPVQ, a mentionné Mme Marcotte. 

Il faut légitimer le partage d'information en «situation préoccupante» afin de «rassurer» ces employés «qui ont peur présentement» de transmettre certains détails, a plaidé Mme Marcotte. 

Un agent du Service de police de l'agglomération de Longueuil a aussi parlé de réfléchir à assouplir la loi sur l'accès à l'information pour permettre un partage de renseignements sans consentement avant d'en arriver à une situation mettant la vie en danger. 

L'enquête menée par la coroner couvre les décès de Mikhaël Ryan, Joceline Lamothe, Suzie Aubé, Jean-François Lussier, Marc Boudreau et Dave Murray.

Amorcée en 2019, elle est dans son dernier droit, après avoir complété le volet factuel l'automne dernier. Elle s'est d'abord penchée sur les causes et les circonstances de chacun des décès. 

Les audiences sur les recommandations et représentations se tiendront jusqu'au 10 juin. Une quarantaine de témoins viendront alimenter la réflexion de la coroner sur des solutions pour prévenir le suicide. Vendredi, il es prévu que des proches des défunts faisant l'objet de l'enquête publique partagent leurs commentaires.  

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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelle

Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne