La Coalition Avenir Québec voit le jour
Par François-Xavier Lupien
C'était une évidence, mais c'est désormais officiel. Depuis le 14 novembre dernier, François Legault et Charles Sirois ont, après des mois d'attentes, officiellement lancés leur nouveau Parti politique : la Coalition Avenir Québec(CAQ).
Si François Legault ex-ministre péquiste de l'éducation et de la santé est bien connu de la population québécoise, Charles Sirois est plutôt connu dans le milieu des affaires. Il est le fondateur et actionnaire de direction de Télésystème Ltée, une société montréalaise de capital privé, œuvrant dans le secteur des technologies, de l'information et des communications.
À peine sorti de l'œuf, M. Legault a été rudement pris à partie à la fois par les libéraux de Jean Charest et les péquistes de Pauline Marois. Selon le journaliste Pierre Jury du journal le Droit, il est prédit que la CAQ récolterait 40 % des intentions de vote au Québec.
Que penser de la nouvelle formation politique, dont le nom est sur toutes les lèvres ? Le <@Ri>Chambly Express.ca<@$p> s'est entretenu à ce sujet avec les députés péquistes Bertrand St-Arnaud de la circonscription de Chambly ainsi que Marie Bouillé d'Iberville.
Si le Parti Québécois clame haut et fort sa ligne de parti Attention au Mirage, Bertrand St-Arnaud annonce d'entrée de jeu qu'il attendait avec impatience que la CAQ saute sur la glace. « On va pouvoir l'interpeller, lui poser des questions. Quand il était dans notre Parti, M. Legault proposait de doubler les tarifs d'électricité. Je ne pense pas que ce sera une mesure pour enrichir les familles », affirme-t-il.
Il ne manque pas de soulever un grand vide au sein des idées de M. Legault. « Il y a une absence de propositions sur des enjeux cruciaux, rien sur les familles, les aînés, le transport collectif, l'environnement », affirme-t-il. Au sujet des relations avec Ottawa, alors que M. Legault affirme dans le Devoir qu'il ne prévoit pas que des problèmes importants vont s'ajouter entre Québec et Ottawa, M. St-Arnaud souligne que François Legault lui-même déclarait il y a cinq ans que le Québec devait se doter d'un pays s'il voulait régler ses problèmes en éducation et en santé.
M. St-Arnaud refuse de croire que les récentes tensions au sein du PQ puissent profiter à long terme à François Legault : il y a toujours eu des débats au sein du PQ, même du temps de René Lévesque explique-t-il. Il affirme qu'aujourd'hui, le débat sur la question nationale est toujours présent. Notamment en raison de l'actuel premier ministre. « M. Charest est le premier ministre le plus mou depuis 70 ans sur ce sujet. M. Legault, c'est pire », affirme M. St-Arnaud.
Un positionnement ambigu
De son côté, Marie Bouillé affirme qu'elle ne sent pas un mouvement d'appui majeur à la CAQ dans sa circonscription. Selon elle, c'est surtout l'ambigüité du positionnement de la Coalition Avenir Québec, qu'elle retient. Tout comme son confrère, le député St-Arnaud, elle déplore l'absence de contenu de la coalition sur les enjeux régionaux critiquant l'approche trop montréalaise de François Legault. Elle va même plus loin en déclarant que son ancien collègue a changé son discours. « François Legault a été un militant de longue date au PQ. Il avait des principes très à gauche. Par exemple sur la santé il était réfractaire à l'incursion du privé, il croyait beaucoup au rôle de l'État. Il ne tient plus le même discours », affirme-t-elle.
Majoritaires depuis sa réélection en 2008, Jean Charest et les libéraux sont en principe encore au pouvoir jusqu'en 2013. Théoriquement, même si des élections pourraient être déclenchées plus tôt, la Coalition Avenir Québec aura donc, en principe 2 ans pour s'installer et se faire mieux connaître au Québec en tant que formation politique.
D'entrée de jeu, la coalition semble profiter d'appuis importants. Sent-on au Parti québécois une pression? Bertrand St-Arnaud se dit nullement inquiété par la situation. « Cela m'apparaît normal, explique-t-il, c'est comme un nouveau produit, les gens disent c'est attirant. » Il continue en expliquant que selon lui le temps n'est peut-être pas qu'avantageux pour M. Legault. « Il va être obligé de répondre aux questions, ça va brasser s'il prend le pouvoir. Avec qui fait-il équipe ? On l'a vu avec le NPD. Les gens ont su après coup qui ils avaient élus. Le temps va permettre de faire de grands débats d'idées. »
Le député St-Arnaud souligne aussi le changement de cap quant à la question de la souveraineté chez François Legault. « Il disait il y a 5 ans que si le Québec voulait régler ses problèmes en éducation ça prenait un pays! Il était un des plus radicaux là-dessus. »
Il reste à savoir maintenant si l'effet de la Coalition ira en augmentant au cours des prochains mois voir des prochaines années. De nombreuses questions demeurent quant à qui se joindra à la Coalition et si le Parti profitera des prochains mois pour affiner sa plateforme électorale.
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