Avec la CAQ, l’UPA est là pour rester

Par Bernard Lepage
S’il prend le pouvoir, le plus réformateur des trois grands partis n’a pas l’intention de déclencher de révolution en ce qui concerne le monopole syndical de l’Union des producteurs agricoles (UPA).
C’est sur une ferme de Saint-Boniface, en Mauricie, que François Legault a dévoilé ses engagements en matière d’agriculture. Le chef de la Coalition Avenir Québec, qui a déjà annoncé son intention d’abolir les commissions scolaires et les agences de santé, n’entend pas servir la même médecine de cheval à l’industrie agricole.
« Le monopole syndical de l’UPA nous a bien servi jusqu’à présent. C’est important de conserver une accréditation unique à cause de la gestion de l’offre », a-t-il expliqué. Cette même gestion de l’offre, le chef de la CAQ entend faire les représentations nécessaires à Ottawa afin que le gouvernement fédéral ne la brade pas dans ses négociations commerciales avec les autres pays. « Il doit résister aux pressions. C’est non négociable de notre côté. »
Le plan de la CAQ en matière agricole se détaille en sept points et nécessitera des engagements financiers évalués à 36 millions$. Outre le statu quo en ce qui concerne la gestion de l’offre, François Legault entend aussi modifier les règles fiscales afin de permettre aux agriculteurs de bénéficier de l’exemption en gain de capital - jusqu’à un maximum de 750 000$ - dans les situations de transfert à l’intérieur de la même famille.
Un ministre de l’Agriculture senior
Dénonçant l’inaction des libéraux depuis le dépôt du Rapport Pronovost en février 2008, le chef caquiste a promis une politique agricole en cas de victoire le 4 septembre. Le ministre de l’Agriculture d’un gouvernement Legault ferait partie de plus du comité des priorités. «Traditionnellement, l’agriculture est un ministère junior mais chez nous, ça deviendra un ministère senior.»
Considéré comme le plus important de ses sept engagements, l’accès au capital de risque pour les agriculteurs constituera un complément intéressant au travail déjà effectué par la Financière Agricole du Québec (FAQ). «Il s’agira de nouveaux fonds disponibles pour tout ce qui touche le démarrage d’entreprises, la transformation des aliments, la diversification de la production, l’achat d’équipement de haute technologie», a donné en exemple François Legault qui entend confier ce mandat à Investissement Québec et aux CLD.
La CAQ veillera également à ce que les produits importés soient régis par les mêmes normes que celles exigées aux producteurs québécois. «Actuellement, ce n’est pas équitable», a-t-il soutenu, conscient toutefois que cette question devra faire l’objet de négociation avec Ottawa qui a juridiction en la matière.
Enfin, un gouvernement caquiste mènera une importante campagne pour favoriser l’achat local. Parallèlement à celle-ci, de nouvelles règles en matière d’étiquetage seraient mises en place afin que les consommateurs puissent facilement identifier les produits locaux.
Lui qui vantait deux jours auparavant le sens du travail des Asiatiques, François Legault s’est montré par ailleurs inquiet de voir depuis quelques années des membres de cette même communauté acquérir des terres agricoles au Québec. «Nous allons prendre toutes les mesures nécessaires pour que les fermes demeurent la propriété des Québécois», a-t-il conclu.
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