L'entreprise montérégienne Moderco fait partie des signataires
Des entreprises manufacturières dénoncent l’inaction du gouvernement en matière d’immigration

Par Salle des nouvelles
Une vingtaine de grandes, moyennes et petites entreprises du Québec, dont l’entreprise montérégienne Moderco (à Boucherville) ont dénoncé le manque d’action du gouvernement en termes d'immigration alors que l'ensemble du Québec connaît une forte pénurie de main d'oeuvre, dans une lettre ouverte des Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ). Le document somme la CAQ d’agir rapidement.
D'après la MEQ, 19 400 serait le nombre de postes vacants à pourvoir dans les entreprises manufacturières partout au Québec. Les Manufacturiers et exportateurs du Québec soulignent un paradoxe: partout, la pénurie de main-d'oeuvre au Québec est décriée. "Pendant ce temps les impacts sont dévastateurs : refus de nouveaux contrats et d’opportunités d’affaires, ralentissement des investissements et du développement de nouveaux produits, embauche de candidats sous-qualifiés, et ce n’est que la pointe de l’iceberg."
Pour les signataires de la lettre, le meilleur moyen de créer de la richesse pour le Québec est d’exporter le savoir québécois, l'expertise, les produits. En rappelant que le secteur manufacturier représente 24 000 entreprises à travers le Québec, 445 000 travailleurs et 89 % des exportations.
Mesures insuffisantes
Selon l'organisation, le problème est clair: il n’y a tout simplement pas assez de travailleurs qualifiés disponibles pour répondre aux besoins.
L’automatisation et la robotisation sont certainement, à ses yeux, des avenues à considérer pour faire face aux défis de main-d’œuvre. Or, le manque de travailleurs qualifiés est un obstacle important à l’adoption de nouvelles technologies numériques, selon la BDC. "Cette avenue ne peut donc pas à elle seule répondre à ces défis", tranche la MEQ.
Favoriser l’immigration permanente
Les entreprises expliquent être volontaires pour accueillir plus d’immigrants pour combler les nombreux emplois disponibles. Ensuite, l'organisation demande davantage de flexibilité pour "s’adapter à la réalité des travailleurs", en mettant en avance l'exemple de l'apprentissage de la langue française.
"Certains travailleurs étrangers consacrent déjà 40 heures par semaine pour combler les besoins criants de nos entreprises. Pourquoi ne pas leur donner plus de temps pour apprendre le français ou adapter le pointage accordé au français sur la grille de sélection?", se questionnent les signataires. Une façon envisageable pour eux d'y arriver sans nuire aux besoins de main-d'oeuvre.
En bref, une recherche d'adéquation entre les besoins des entreprises et le marché du travail doit être réalisée, selon les MEQ. Les consultations annoncées par le ministre Jolin-Barrette sur le Programme d’expérience québécoise doivent déboucher sur des résultats concrets. Les entreprises manufacturières doivent y être entendues.
L’immigration temporaire, une solution à court terme
L'organisation pointe en parallèle, une adaptation aux besoins d’aujourd’hui du programme de travailleurs étrangers temporaires (PTET) qui permet de faire venir des travailleurs étrangers pendant trois ans maximum.
Et de rappeler que ce programme a été conçu à une époque où l’on souhaitait protéger les emplois des travailleurs canadiens. "Or, le contexte a beaucoup évolué. Par exemple, nous pouvons éliminer la règle d’un maximum de 10 % de travailleurs étrangers par usine ou prolonger les visas pour les travailleurs moins qualifiés d’un an à trois ans."
En concluant que 19 400 travailleurs sont manquants dès maintenant. Soit pratiquement l’équivalent d’un Centre Bell vide. Une donnée qui mène l'organisation à interpeller les dirigeants: "La situation est critique. Monsieur Trudeau, monsieur Legault, qu’attendez-vous pour agir?"
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