Institut de la statistique du Québec
Toujours plus de femmes en politique au Québec
Par La Presse Canadienne
La présence des femmes sur la scène politique au Québec ne cesse de croître depuis 2005. Au lendemain de la dernière élection provinciale du 3 octobre 2022, 46,4 % des élus étaient des femmes, selon une mise à jour de l’Institut de la statistique du Québec.
Il s’agit d’une augmentation de 16 points de pourcentage depuis 2005.
«Depuis la dernière élection, on est à la plus haute proportion de femmes qui ont été élues à l'Assemblée nationale», expose la conseillère experte et coordinatrice du programme d’indicateurs sociaux pour l’Institut de la statistique du Québec, Marie-Andrée Gravel.
Concrètement, 58 femmes avaient un siège à l’Assemblée nationale après le dernier scrutin.
Selon le professeur de science politique à l'Université Laval Marc André Bodet, ce constat s’explique par plusieurs raisons. Les mentalités ont évolué, si bien que la société accepte davantage l’idée que les femmes puissent occuper des postes de pouvoir.
«Les femmes qui s'imaginent en position de pouvoir, c'est peut-être plus fréquent aujourd'hui en raison de la socialisation que ça ne l'était par le passé», explique-t-il.
Marc André Bodet croit qu’on va continuer de voir de plus en plus de femmes dans les sphères politiques et qu’il y a peu de chance d'assister à un recul important.
«Ça crée des modèles, mais aussi des figures politiques féminines qui sont alors en position de jouer un rôle dans la vie démocratique», ajoute le professeur.
Donc, la tendance veut que plus il y a de femmes élues, plus il y aura de femmes qui se porteront candidates pour devenir députées.
Également, selon le professeur, le fait que le Québec ait été gouverné par trois partis différents (PQ, PLQ, CAQ) lors des dix dernières années a entraîné un renouvellement plus rapide des élus, et donc plus d'occasions pour les femmes de faire le saut en politique.
«Ç’a accéléré le départ de candidats sortants hommes et ç’a permis, par la même occasion, à des femmes de gagner des investitures, puis de devenir députées», dit-il.
Le Québec est la province canadienne avec le plus haut pourcentage de représentation féminine dans son assemblée législative. La moyenne des autres provinces canadiennes se situe à 32,7 %.
«Les femmes vont être prêtes à se sacrifier»
Lors du dernier scrutin québécois, 43 % des candidats étaient des femmes. Il s’agit d'un record pour une élection générale, selon les données disponibles sur le site d’Élections Québec.
Les quatre partis actuellement représentés à l’Assemblée nationale – CAQ, PLQ, QS, PQ – avaient tous un nombre de femmes candidates qui se situaient dans la zone paritaire (entre 40 % et 60 %) au moment du vote.
Ainsi, avec 46,4 %, il y a plus de femmes élues à l'Assemblée nationale, en proportion, qu’il y avait de candidates. Un chiffre qui peut surprendre, car selon M. Bodet, les femmes candidates ont tendance à se faire donner des circonscriptions perdantes.
«Traditionnellement, lorsqu'il y a une circonscription qu'un parti a peu ou pas de chance de gagner, la plupart des hommes passent leur tour, alors que les femmes vont être prêtes à se sacrifier pour l'équipe», soutient-il.
Il affirme que la CAQ, particulièrement, a fait des efforts pour recruter des candidates, mais aussi les placer dans des circonscriptions gagnables.
Le municipal traîne de la patte
On observe également une progression des femmes au palier municipal. Depuis 2005, le pourcentage de mairesses élues au Québec a bondi de près de 11 %.
Toutefois, les municipalités sont encore loin de la zone paritaire. En 2022, seulement 24 % des maires étaient des femmes. «Il y a quand même une amélioration notable [...] mais ça reste le palier où la représentation des femmes est la moins élevée», indique Marie-Andrée Gravel, de l'Institut de la statistique du Québec.
Pour Marc André Bodet, c’est une question de ressources et du fait qu’il n’y a pas de partis politiques bien organisés dans la vaste majorité des municipalités au Québec.
«Encore aujourd’hui, la plupart des femmes qui veulent s'impliquer en politique viennent de secteurs professionnels moins avantageux d’un point de vue économique. [...] Dans le monde municipal, il y a peu d'argent disponible à travers des structures partisanes, car généralement, les partis sont des véhicules tirés par un candidat à la mairie», explique-t-il.
«Au provincial et au fédéral, les partis politiques peuvent souvent compenser des candidatures avec un réseau moins important, par un financement venant d'ailleurs», ajoute le politologue.
On voit toutefois actuellement des femmes à la tête de villes importantes au Québec: Valérie Plante à Montréal, Catherine Fournier à Longueuil, Évelyne Beaudin à Sherbrooke ou encore France Bélisle à Gatineau.
M. Bodet affirme toutefois qu’il faut être prudent avant de tirer des conclusions de ce constat. «On ne peut pas encore établir une tendance», dit-il.
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Note: Les données de l’Institut de la statistique du Québec datent du 19 octobre 2022, donc avant certains changements à l’Assemblée nationale comme le départ de la cheffe libérale, Dominique Anglade, et son remplacement par le solidaire Guillaume Cliche-Rivard.
Thomas Laberge, La Presse Canadienne
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