Politique fédérale
Rentrée: les bloquistes impatients d'en découdre avec le gouvernement Carney

Par La Presse Canadienne
Avec le premier budget Carney qui sera présenté à l'automne et une nouvelle loi sur les grands projets qui en fait sourciller plusieurs, les députés bloquistes se disent prêts à en découdre avec les libéraux et à prendre davantage leur place dans un contexte de guerre commerciale avec les États-Unis.
Les élus du Bloc québécois se réuniront lundi et mardi à Québec pour se préparer en vue de la rentrée parlementaire le 15 septembre. Il s'agit de la première session automnale depuis les élections d'avril qui ont mené à l'élection d'un gouvernement libéral minoritaire.
Les libéraux ont grugé certains appuis au Bloc québécois, ce qu'une source du parti attribue en partie au conflit commercial entre le Canada et les États-Unis, qui avantage le Parti libéral de Mark Carney.
«(La guerre commerciale) devient pas une raison pour passer sur le corps du Québec et passer à la trappe les intérêts du Québec et des provinces au passage», a lancé la leader à la Chambre du Bloc québécois, Christine Normandin, en entrevue à la fin de la semaine dernière.
«Quand il y a un enjeu comme la crise commerciale actuelle, ça devient une opportunité pour le fédéral de refaire main basse sur un paquet de pouvoirs (...) C'est là où on intervient.»
Mme Normandin évoque le projet de loi C-5, adopté sous bâillon l'été dernier, qui vise à accélérer la réalisation de grands projets jugés d’intérêt national.
Cette pièce législative permet aux ministres fédéraux de désigner des projets comme étant d’intérêt national. En obtenant cette désignation, la réalisation pourra se faire sans que les initiatives n’aient à être conformes à de multiples lois, dont la Loi canadienne sur la protection de l’environnement.
«Le Bloc québécois se présente finalement comme étant le seul parti à la Chambre des communes à vraiment se soucier de la lutte aux changements climatiques et de la protection de l'environnement», a-t-elle souligné, dénonçant l'appui des conservateurs aux libéraux pour cette loi.
Bien que les bloquistes soient moins nombreux en Chambre – ils sont 22 au lieu de 33 avant les élections – le moral des troupes demeure assez bon, selon une source au parti, car les chiffres laissent entrevoir un retour à la «normale» et que les militants sont encouragés par une certaine remontée de l'option souverainiste.
On laisse aussi entendre que les Canadiens seront moins préoccupés cette session-ci par la relation Canada-États-Unis et possiblement plus par d'autres enjeux, dont le coût de la vie.
Le pouvoir dans les comités
La leader du Bloc en Chambre Christine Normandin n'a pas voulu dévoiler quelles seront les priorités précises du parti, mais elle souligne qu'il présentera des projets de loi et qu'il profitera de sa balance du pouvoir dans les comités parlementaires.
«Ça nous rend positifs pour la suite, a-t-elle expliqué. On va vraiment être capables de tester tout le pouvoir qu'on peut avoir en Chambre, comment on pourra utiliser cette balance du pouvoir-là pour améliorer ce qu'on peut améliorer, négocier avec un parti comme l'autre pour faire passer nos idées.»
Mme Normandin souligne que son parti négociera chaque vote à la pièce, et qu'il ne «se liera pas les mains» comme l'avait fait le Nouveau Parti démocratique (NPD) dans le cadre de son entente avec les libéraux.
«On garde notre même modus operandi qui nous a toujours bien servis, pis qui sert nos commettants et le Québec, a-t-elle avancé. Si c'est bon pour le Québec, on vote pour, si c'est mauvais pour le Québec, on vote contre.»
Appui au Parti québécois
Alors que les plaques tectoniques bougent beaucoup en politique québécoise, le Bloc québécois compte également être plus présent sur le terrain pour prêter main-forte à son parti frère, le Parti québécois.
Des tensions étaient palpables dans les derniers mois entre le chef bloquiste, Yves-François Blanchet et son homologue péquiste Paul St-Pierre-Plamondon, mais on assure au Bloc québécois que les équipes seront sur le terrain pour aider les péquistes en vue des élections québécoises de 2026.
«On l'a déjà fait dans les trois partielles qu'il y a eu. On a été présents», a indiqué Mme Normandin en entrevue.
«On reste les mêmes militants dans les deux partis. C'est certain que vous allez voir le Bloc québécois sur le terrain pour aider le Parti québécois à l'automne prochain.»
Vicky Fragasso-Marquis, La Presse Canadienne