Encore du chemin à faire pour les femmes en politique

Par Yves Bélanger
Marie Bouillé se sent tout à fait à sa place dans son rôle de députée de la circonscription d'Iberville. Elle soutient toutefois qu'il n'est pas toujours évident pour les femmes de faire leur place dans le milieu de la politique et qu'il reste encore beaucoup de chemin à faire, et ce, même si aujourd'hui, c'est une femme qui se retrouve à la tête du gouvernement.
La députée admet qu'au début de sa carrière, elle n'aurait jamais cru faire de la politique un jour. Elle craignait ce milieu qui, selon elle, avait peu de pouvoir pour faire changer les choses. C'est son travail au sein d'organisations agricoles au cours des années 1980-90, dont l'Union des producteurs agricoles (UPA), qui a totalement changé sa vision du monde de la politique. « Je me suis rendu compte qu'en politique active, on pouvait changer le cours des choses. »
Fortement impliquée au sein du Parti québécois, on a proposé à quelques reprises à Marie Bouillé de représenter le parti dans une circonscription. Ayant des projets personnels, dont l'adoption de quatre enfants, elle craignait que la politique ne lui laisse pas de place pour une vie de famille équilibrée. « Il y avait peu de modèles féminins en politique provinciale. Certaines de celles qui étaient élues avaient fait le choix de ne pas avoir de famille et moi, je tenais à mon projet. »
C'est une rencontre avec Pauline Marois dans le cadre d'un colloque sur les femmes en politique qui a convaincu la militante péquiste à se présenter un jour comme députée. « Elle m'a parlé de sa propre vie de famille et m'a montré que c'était possible, en faisant quelques compromis, de faire de la politique tout en étant à a fois une bonne mère. »
En 2007, André Boisclair, alors chef du Parti québécois, lui demande de se présenter à ses côtés. Le moment est bon pour elle puisque ses enfants sont plus âgés. Elle accepte de relever le défi. Il lui propose quelques circonscriptions et elle choisit celle d'Iberville. « Il était évident pour moi qu'avec mon expérience, je devais représenter un milieu agricole. Je n'ai jamais regretté mon choix car c'est une circonscription qui me ressemble tellement. » Marie Bouillé terminera deuxième à l'élection de 2007 comme plusieurs de ses collègues qui font face à la vague adéquiste. En 2008, elle se représente et est élue avec 2 600 voix de majorité.
Femmes et politique
Députée d'Iberville depuis bientôt 5 ans, Marie Bouillé avoue que ce n'est pas toujours facile de faire son chemin dans un milieu qui a longtemps été réservé aux hommes. « Les femmes n'ont pas la même approche. C'est bénéfique à plusieurs niveaux mais, à l'occasion, cela peut nous nuire. On se fait un peu tasser dans le coin. » Pour elle, il est évident que plus il y aura de femmes à l'Assemblée nationale, plus il sera facile de changer cette réalité.
Elle espère que le fait d'avoir maintenant une première ministre aura un effet d'entraînement chez les femmes. Elle croit toutefois que c'est l'augmentation du nombre de modèles féminins qui aidera la cause. « Une Pauline Marois ou une Martine Ouellet ne peut pas plaire à tout le monde. Plus il y aura de femmes influentes en politique, plus les femmes trouveront un modèle auquel elles peuvent s'identifier. »
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