L’hypersexualisation : rendre les ados consommateurs

Par Chantal David
Parler de surconsommation, c’est aussi aborder le phénomène de l’hypersexualisation. Ce phénomène qui tend à vouloir vieillir les adolescents et adolescentes, à les attirer avec des images où ils sont représentés de façon sexualisée. Les images des publicités ciblent les ados comme étant désireux de devenir des adultes qui ont accès à davantage de produits de tous genres en plus d’avoir sous la main les plus récentes technologies.
Les jeunes filles sont particulièrement visées par les campagnes publicitaires qui font d’elles des « vamps », des séductrices, des manipulatrices, etc. Les filles sont trop jeunes pour porter le fardeau de la sexualité adulte. En les montrant de cette façon, les compagnies stimulent chez elles des désirs, qu’elles confondent pour des besoins, de consommer autant de produits que les adultes. La mode vestimentaire, le maquillage, les soins de la peau, les critères de beauté (épilation, allure des cheveux, bronzage ou pas,..), la forme physique idéale et autres dictats de la beauté adolescente font de celles-ci des personnes vulnérables.
En effet la période de l’adolescence en est une ou le et la jeune veulent correspondre aux critères de la beauté publicisée pour être hot, in, cool et devenir populaire auprès de ses pairs. Au secondaire, personne ne veut être out et se sentir à part, « rejet », différent et pas à la hauteur de l’ado tel que proposées par les campagnes publicitaires. Les parents doivent s’impliquer auprès de leurs jeunes pour les aider à comprendre le phénomène de l’hypersexualisation et ce, le plus tôt possible.
L’important face à cette réalité n’est pas de condamner les jeunes filles ou garçons qui embarquent dans le modèle imposé, aveuglément. Ce ne sont pas eux les coupables car ils sont sensibles, influençables et ont besoin d’encadrement, de guides. Le parent qui veut entamer un réel échange avec son jeune ne juge pas les pairs de celui-ci. Il essaie plutôt de faire comprendre le phénomène global, social derrière cette image entretenue par les médias écrits et parlés.
L’hypersexualisation sert les intérêts de ceux qui veulent faire de l’argent sur le dos des adolescents-es, entre autres. Pour les jeunes filles en pleine puberté, cela veut dire se sentir de plus en plus esclave de la mode et des apparences tout en portant le poids d’une sexualité plus explicite et dont elles seront tenues responsables en plus. Elles sont pointées du doigt, jugées, accusées, méprisées par les garçons, utilisées ou au mieux, « enviées » pour les mauvaises raisons.
Quoi qu'il en soit, l’hypersexualisation n’apporte rien de constructif dans le développement des filles et des garçons. Ces derniers peuvent aussi devenir dépendants de la mode vestimentaire et de la possession de gadgets technologiques. Cela entraîne une forte compétition entre les adolescents-es et des conflits avec les parents. Si l’adolescent se fait vivre de la pression plus celle de ses pairs pour se sentir accepté, il sera prêt à faire de la fraude, des vols et autres manipulations pour arriver à ses fins. Car tout ce monde de consommation qui nous entoure exige d’avoir les moyens financiers pour arriver à y prendre une place.
Le parent a donc avantage à dénoncer les responsables de cette vision étroite de l’adolescent et du manque de respect pour ses réels besoins. Il peut également regarder avec celui-ci les raisons qui poussent les jeunes à embarquer dans le manège et voir comment ils pourraient vivre autrement. Les parents très matérialistes eux-mêmes, influencent leur adolescent et doivent faire preuve de cohérence pour changer quoi que ce soit. Démontrer par l’exemple devient primordial. Cela ne veut pas dire d’être irréprochable mais bien de faire des efforts, des gestes concrets pour moins consommer. Il est possible de faire part de son opinion face à la réalité décrite aujourd’hui tout en soulignant les valeurs qui sont bousculées dans les manifestations du phénomène de l’hypersexualisation.
Il est essentiel d’encourager le ou la jeune à exprimer son opinion sur le sujet, à se positionner, à voir les dessous du phénomène. En fait, le lien entre la réflexion critique face à cela devient un signe d’une bonne estime de soi. L’ado se respecte et ne gobe pas tout naïvement. Par contre, il doit avoir le temps de cheminer et de voir comment il peut aller chercher l’amour et la reconnaissance des autres jeunes autrement, par ses valeurs, ses actions et non, juste par le Paraître.
Les parents et les autres adultes qui côtoient quotidiennement les jeunes ont une responsabilité d’avoir le plus possible, une attitude de remise en question face aux phénomènes de la surconsommation et de l’hypersexualisation. Le non-jugement des jeunes est essentiel et la compréhension des raisons de leurs dépendances est salutaire pour les adolescents. Plus ils sont informés et voient leurs parents et d’autres adultes se positionner sans dramatiser ou minimiser la situation, plus ils s’affirmeront dans le sens du respect de leurs besoins réels.
En guise de référence : La vie de porno de nos ados : comprendre l'hypersexualisation, la précocité et les comportements sexuels de nos enfants, Valérie Morency, Les Éditeurs Réunis, 2008.
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