Favoriser l'affirmation de soi

Par Chantal David
Le parent qui voit son adolescent évoluer et vouloir s’affirmer davantage n’est pas toujours à l’aise avec cela. Parce qu’il n’a pas pu s’affirmer lui-même lorsqu’il était jeune ou parce qu’il associe l’affirmation au rejet de son autorité, de son rôle de parent, il va voir ce signe de progression comme étant négatif. À l’adolescence, le jeune abandonne progressivement la dépendance qu’il a face à ses parents et à l’entourage familial. Il prend ses distances, affiche son style personnel et préfère passer du temps avec ses amis.
Comme parent, il faut se poser la question; est-ce que cela m’insécurise, m’inquiète? Est-ce que j’ai peur du rejet de mon ado? Ai-je peur de le perdre? Est-ce que j’ai peur que mon ado vive des expériences négatives? Et pourquoi? Il peut être aidant de faire les liens avec sa propre jeunesse. Ai-je peur que mon ado vive les moments difficiles que moi-même j’ai vécus? Il peut être primordial de recadrer ses propres expériences dans leur contexte pour changer la vision que le parent a des capacités de son ado.
Il peut se dire qu’il a confiance en son ado, celui-ci fera les bons choix pour lui-même. Et il peut énumérer des exemples de cela pour se rassurer. Il sera étonné de voir tout ce potentiel chez son jeune qu’il a tendance à oublier. Le jeune a besoin de sentir que son parent l’encourage à devenir autonome et qu’il l’appuie dans sa recherche d’affirmation personnelle. Il veut découvrir sa propre identité. Pour cela il doit sentir que son parent le voit comme il est avec ses forces et vulnérabilités. Si le parent se dit ouvert mais agit autrement, l’ado s’en rend compte.
Les comportements parentaux qui n’encouragent pas l’affirmation sont : la tendance à vouloir contrôler les allées et venues du jeune, à contrôler ses fréquentations et les endroits où il se tient, à vérifier souvent son comportement à l’école à l’égard des enseignants et des pairs, à s’inquiéter s’il ne sait pas où est son ado et ce qu’il fait, à se rendre automatiquement à l’école si son jeune y vit des problèmes, à ne pas vouloir qu’il soit en tête-à-tête avec quelqu’un du sexe opposé et à se montrer plus compréhensif que la majorité des parents envers son jeune. Le parent encourage alors la soumission de son jeune plutôt que le développement de son esprit d’initiative.
Le parent peut aussi vouloir que son jeune soit conforme aux critères extérieurs avant tout. Il aura tendance à vouloir dicter la façon de s’habiller et de se coiffer à son jeune, à exercer un contrôle sur ses fréquentations et sur les endroits où il se tient, à lui répéter souvent les règles, les consignes et les façons de faire de la famille, à imposer ses solutions (celles du parent) lors de conflits, à se montrer plus autoritaire avec son jeune que la majorité des parents, à vouloir se mêler de l’organisation de sa chambre et à acheter la paix pour éviter des conflits douloureux. Il est donc difficile pour le jeune de vivre une certaine autonomie dans son quotidien.
Les attitudes parentales qui stimulent et aident le jeune à se sentir à l’aise avec le développement de l’autonomie ressemblent à celles-ci; s’assurer que le jeune prend ses responsabilités à l’école et à la maison, accepter que l’ado prenne ses responsabilités à sa façon, l’encourager à participer et à partager les tâches domestiques, lui permettre d’exprimer ouvertement ses points de vue, ses différences et ses goûts sans les juger, avoir confiance en sa capacité( au jeune) à organiser sa vie pour qu’elle soit bien orchestrée pour lui, et de lui dire de choisir et de se décider lui-même face à différentes situations. L’autonomie doit se pratiquer pour que l’adolescent soit de plus en plus sûr de lui. Il faut apprivoiser cette nouvelle façon de vivre. Un jeune qui n’a pus développer son autonomie et à qui l’ont dit à ses dix-huit ans qu’il peut maintenant voler de ses propres ailes, se sentira très angoissé ou inadéquat et risque de se faire mal!
Le parent peut se demander ce qu’il pourrait faire de plus pour favoriser le développement de l’affirmation chez son jeune et apporter des changements graduels à ses attitudes. Les adolescents aiment s’identifier à des personnes avec qui ils ont des points communs, c’est pourquoi il est important de les accueillir, de les comprendre et/ou d’être empathique à ce qu’ils vivent. Souligner les points communs qu’il y a entre le jeune et son parent peut l’aider à se rapprocher. Il veut pouvoir ressembler à ceux qu’il aime ou admire.
Un parent peut se dire que son adolescent acquiert une belle affirmation de lui lorsqu’il voit qu’il est capable : de prendre des initiatives personnelles dans ses activités à la maison ou à l’école, de faire confiance aux adultes autour de lui (parents, enseignants, etc.), de vivre un contact visuel et le toucher physique (l’initier et l’accueillir), d’exprimer ses émotions, d’articuler et de soutenir ses opinions, de comprendre le sens des règles à la maison et à l’école, d’établir ses propres règles de vie, de se détendre et de se calmer sur le plan émotif et mental et de prendre soin de sa santé physique (exercices, hygiène, nourriture,..).
L’adolescent montre des attitudes d’affirmation et d’autonomie qui ne peuvent que l’amener vers un âge adulte plus équilibré. Aider le jeune à se découvrir, à accepter qui il est et l’aider à se sentir fier de lui est ce dont il a besoin pour avancer et entreprendre sa vie.
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