31 parents mauvais payeurs au Centre jeunesse de la Montérégie

Par Josianne Desjardins
Des parents d’enfants en difficulté pris en charge par le Centre jeunesse de la Montérégie se font tirer l’oreille pour payer le placement de leur progéniture. En 2013 seulement, près de 170 000 $ en poursuites ont été initiées par l’organisme.
Selon des données compilées par TC Media, 31 requêtes ont été déposées au palais de justice de Longueuil jusqu’au 29 octobre contre des parents dont la garde de leur enfant a été retirée et qui ne payent pas leur contribution, pour une somme de 166 198,85 $. Pour certains parents, leur dette s’élève à plus de 18 000 $. Les soldes en souffrance sont déjà plus élevés que l’an dernier, puisque 28 requêtes avaient été formulées en 2012 pour un montant de 161 808,20 $.
Car même si un enfant est retiré de sa famille, ses parents ont le devoir de verser une contribution financière mensuelle pour qu’il soit logé et nourri par l’institution.
Malgré leurs obligations, ces parents mis en cause par le Centre jeunesse de la Montérégie « laissent aller les choses et s’en foutent un peu » parce qu’eux aussi vivent de grandes difficultés, estime Maryse Davreux, directrice de la protection de la jeunesse de la Montérégie.
« Il y a beaucoup de ces parents-là qui sont négligents pour leur enfant, mais qui sont négligents aussi pour leurs paiements et dans leur vie en général. Malheureusement, il y en a qui ne se manifestent plus, qui partent sans laisser d’adresse ou qui ne restent pas en contact avec leurs enfants », explique-t-elle.
Mme Davreux dit avoir au-delà de 400 enfants par année pour qui elle signe des autorisations (école, vaccins etc.) parce que les parents sont absents de leur vie.
« Si les parents ne sont pas là pour signer pour des soins de santé à leurs enfants, pensez-vous qu’ils vont être là pour le placement? », questionne-t-elle.
Parents frustrés
Dès que la Direction de la protection de la jeunesse de la Montérégie intervient dans une famille, les parents sont mis au courant de leur obligation de payer. Mais pour se faire, les parents doivent assumer leurs responsabilités. S’ils font fi de leurs obligations, ils peuvent recevoir jusqu’à trois lettres d’avertissement avant qu’une requête soit déposée au tribunal.
Mme Davreux prend en exemple le cas d’un parent qui « est en maudit dès la première étape ». Celui-ci « disparait de la vie de son enfant et disparait de notre vie » sans qu’on ait eu le temps de savoir c’est quoi son revenu.
La somme exigée aux parents est ajustée selon les revenus des parents, le nombre d’enfants à charge et la composition de la famille, à condition que la famille accepte de rencontrer les intervenants du Centre jeunesse de la Montérégie.
D’ailleurs, les montants réclamés dans les requêtes au tribunal sont les contributions fixées au taux maximum, souligne Mme Davreux. « Le montant [des requêtes], ce n’est pas nécessairement celui que les parents ont à payer. Ça dépend toujours des situations », précise-t-elle.
Ces parents mauvais payeurs ne constitueraient en fait qu’une minorité, puisque selon le Centre jeunesse de la Montérégie, ils ne représenteraient que cinq à dix dossiers sur 2000 par mois. Une situation qui n’est pas seulement propre à la Montérégie, spécifie Mme Davreux.
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