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Des citoyens de Rougemont mobilisés pour sauver l'église Saint-Michel

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17 décembre 2013
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Par Myriam Tougas-Dumesnil

En dix ans, pas moins de 14 églises ont été démolies en Montérégie et 47 autres ont changé de vocation. Alors que la tendance est à la conversion et à la transformation des édifices religieux de la province, des citoyens de Rougemont se mobilisent dans l'espoir de voir restaurée l'église Saint-Michel. Un lieu de culte qu'ils jugent de grande valeur patrimoniale.

« L'église Saint-Michel, c'est un cas particulier », souligne d'emblée Denis Boucher, chargé de projet au sein du Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ). « Elle a une apparence architecturale moderne, avec des motifs de style art déco sur sa façade. Mais l'intérieur est beaucoup plus classique. L'ornementation et le décor rappellent les églises du 19ème siècle. »

Ce n'est pourtant qu'en 1931-1932 que fut érigée l'église Saint-Michel, d'après les plans conçus par l'architecte René Richer. Ce dernier avait le mandat de remplacer rapidement l'ancienne église, ravagée par un incendie en novembre 1930. À l'époque, quelque 400 personnes seulement habitaient la paroisse de Rougemont.

Si la conception de la bâtisse est alors confiée à un architecte de Saint-Hyacinthe, la décoration de la voûte du chœur incombe pour sa part à un célèbre peintre de Saint-Hilaire. Ozias Leduc se voit octroyer le contrat le 31 octobre 1934, pour l'étonnante somme de 600 $. Son apprenti, Paul-Émile Borduas, se charge quant à lui de peindre les quatorze stations du chemin de croix.

« À l'époque, Ozias Leduc s'assurait que toutes les couleurs soient pareilles et qu'il n'y ait rien de criard », raconte Denise Messier, une des membres du comité pour la restauration de l'église Saint-Michel. « Le Jésus ressuscité, par exemple, on l'a reçu dans les années 1980. Tout de suite, on voit qu'il ne va pas avec les autres. Ça n'a pas le même cachet », souligne la résidente de Rougemont en jetant un regard vers le tableau.

Si Mme Messier connaît si bien l'histoire de l'église Saint-Michel, c'est qu'elle a contribué à la création d'un fascicule qui en relate les faits marquants. Un des moyens qu'elle a trouvés pour sensibiliser les gens à l'apport de l'église dans la communauté et l'importance de contribuer à sa sauvegarde. « Il y a beaucoup de travaux à faire. L'eau s'infiltre par la toiture, le plâtre s'effrite et il faut changer les fenêtres. Juste nettoyer l'orgue, c'est des milliers de dollars… Et les fresques doivent être restaurées, mais ce n'est pas n'importe qui qui peut faire ça. »

Jean-Luc Malouin, président de la fabrique de Rougemont, évalue à 436 000 $ le coût total des travaux qui doivent être effectués. « Actuellement, on a une subvention de 196 000 $, mais on doit encore accumuler des dons. Il faut y aller par étape, parce qu'on doit payer et se faire rembourser ensuite », explique-t-il. « Dans les prochains jours, on va commencer la réfection du toit. Si tout se passe bien, en septembre, on devrait faire les fenêtres. »

Toujours selon le président de la fabrique, les travaux doivent être complétés avant la fin de l'année 2015. « Si ce n'est pas fait d'ici là, on risque de perdre nos subventions », martèle-t-il, tout en se disant optimiste de voir les projets réalisés.

La sauver à tout prix ?

Il y a une logique financière qui doit s'imposer, à savoir jusqu'où on peut aller collectivement pour sauver un bâtiment. Denis Boucher, du CPRQ

Une simple visite à l'église Saint-Michel permet de constater l'ampleur des travaux à effectuer. La peinture des fresques s'écale, le plâtre des murs s'effrite et l'eau coule du toit. À tel point que certains peuvent se demander si cela vaut la peine d'être restauré.

« Plusieurs démolitions d'églises, au Québec, sont des démolitions dites volontaires, c'est-à-dire que des défectuosités importantes ont été constatées dans l'édifice », explique Denis Boucher. Selon le Conseil du patrimoine religieux du Québec, ce serait d'ailleurs le cas de la majorité des 40 églises qui ont été démolies au Québec au cours des dix dernières années. « Il y a une logique financière qui doit s'imposer, à savoir jusqu'où on peut aller collectivement pour sauver un bâtiment. Il faut que l'investissement qu'on va faire puisse servir de levier pour la communauté et non pas lui ajouter une charge à long terme. »

Malgré tout, les membres du comité pour la restauration de l'église Saint-Michel multiplient les initiatives pour amasser des fonds. « Ça fait partie du patrimoine. Les fresques des artistes donnent une valeur à l'église », croit Denise Messier. « Et moi, je n'aimerais pas que mon église soit reconvertie non plus. Ce n'est pas comme dans d'autres villes où il y en a plein. Ça devient dispendieux à entretenir. À Rougemont, il n'y en a qu'une. »

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