Après plus de trois ans de préparation, le Jour J est enfin arrivé pour le Chamblyen Samuel Ostiguy, alors que son équipe et lui-même s'envolent, ce soir, vers la première destination de leur itinéraire qui les mènera vers l'Antarctique pour une expédition en autonomie complète de 45 jours. Dans les bagages des membres d'XPAntarctik; beaucoup de courage, un lot d'expérience, des heures d'entraînements, et aussi un petit nouveau; l'Astroskin, un prototype de maillot intelligent destiné à l'espace que l'équipe testera pour l'Agence spatiale canadienne.

«Développé pour l’ASC par Carré Technologies, une société de Montréal, Astroskin est un prototype de système de surveillance médicale conçu pour les astronautes et qui pourrait, un jour, devenir un outil important pour les patients ici sur Terre», explique l'Agence spatiale canadienne.

Le prototype est équipé d’une série de capteurs qui enregistreront et traiteront les signes vitaux, la qualité du sommeil et le niveau d’activité des explorateurs.

Les données seront ensuite relayées à des équipes médicales au sol pour permettre à ces dernières de surveiller la santé, le comportement et le rendement d’un membre d’équipage, que ce soit pendant les activités quotidiennes ou l’exercice physique, ou pour placer des astronautes malades ou blessés en observation.

Même si le vêtement a été conçu avant tout pour des astronautes, sa capacité à gérer les données médicales est prometteuse pour les patients qui ont besoin d'un suivi étroit, particulièrement ceux qui se trouvent dans des régions éloignées.

Avant d'être utilisé dans l'espace, il devra subir un grand nombre d'essais pour évaluer son rendement et s'améliorer. Les conditions inhospitalières imprévisibles de l'Antarctique et la situation d'isolement de l'équipe d'explorateurs feront un bon test pour le maillot, selon l'Agence.

L'expédition sera suivie de près par l'astronaute David-Saint-Jacques, qui s'intéresse à l'exploration polaire. Il aura le plaisir d'interagir avec eux et portera lui aussi un maillot Astroskin.

Explorer l'inaccessible

L'équipe lèvera l'ancre, le 2 février, à partir d'Ushuaïa en Argentine, pour une semaine de voile.

Après 1 700 kilomètres de voile sur l'océan Austral, dont la traversée du passage de Drake, l'une des zones maritimes les plus mouvementées de la planète, les aventuriers ne seront qu'au début des défis que leur apportera leur périple en terre glaciale.

Les six compagnons débarqueront sur la côte ouest de la Terre de Graham, où ils feront l'ascension de plusieurs sommets vierges, dont les monts Bigo, Perchot, Magnier, Bastion et d'autres encore sans nom.

En plus des conditions tumultueuses sur le passage de Drake en mer, ils rencontreront plusieurs obstacles une fois rendus sur terre, ou plutôt sur la glace. Ils devront débarquer sur le continent le plus froid du monde avec une charge de 70 kilos chacun puisqu'ils n'obtiendront aucune aide de l'extérieur durant leur long périple. «On s'entraîne autant sur le plan technique afin de réviser nos notions d'escalade, de sauvetage en crevasse, que sur le plan physique. On travaille aussi sur le plan humain parce que ça va être psychologiquement difficile», avait précisé l'athlète de 27 ans en entrevue au Journal.

Toutefois, ce ne sont ni les conditions climatiques ni le dépassement physique qui représenteront le plus gros obstacle pour Samuel Ostiguy. « Il y a un paquet de défis, mais le plus grand, c'est la capacité de vivre cette aventure-là en équipe de A à Z dans un terrain parsemé d'embûches», avait confié le guide touristique d'aventure.