Réduction de la fatigue
Une étude rappelle les bienfaits de l'activité physique dans un contexte de cancer

Par La Presse Canadienne
Une activité physique d'intensité modérée réduit de près de moitié le sentiment de fatigue associé au cancer et de deux à cinq fois le risque de dépression, montre une étude dont les résultats ont été dévoilés lors du congrès annuel 2025 de l'American Association for Cancer Research.
Ces données s'inscrivent dans la foulée des études qui témoignent, depuis quelques années, des bienfaits de l'activité physique avant d'entreprendre un traitement contre le cancer, pendant le traitement, et après.
Il est toutefois important que cette activité physique soit encadrée par un spécialiste qui comprend le contexte particulier des traitements en oncologie, a commenté la professeure Lise Gauvin, de l'École de santé publique de l'Université de Montréal.
«Ça permet de diminuer la fatigue, d'améliorer la capacité cardiorespiratoire, d'améliorer la qualité de vie, et il ne semble pas y avoir d'effets indésirables, a-t-elle dit. Mais il peut arriver que les personnes qui sont traitées pour un cancer ont d'autres problèmes de santé. Elles ont besoin d'un encadrement approprié pour éviter de s'engager dans des activités physiques qui pourraient être problématiques pour elles.»
On estime que jusqu'à huit patients sur dix traités en chimiothérapie ressentent de la fatigue, et que quatre patients sur dix présenteront une dépression.
Une chercheuse américaine a analysé des données de 1552 survivant(e)s du cancer provenant du National Health and Nutrition Examination Survey. Elle a constaté que les survivantes étaient plus susceptibles que les survivants de ressentir de la fatigue ou d'être victimes d'une dépression.
Cela est possiblement dû au fait que les femmes éliminent la médication de leur organisme plus lentement que les hommes.
Sans surprise, la fatigue et la dépression étaient associées à une réduction de la pratique d'activités physiques comme la marche vigoureuse, le vélo, le golf et le jardinage léger.
En revanche, les données témoignent aussi du rôle protecteur de l'activité physique face à ces deux problèmes. Dans le cas de la dépression, par exemple, plus l'intensité de l'exercice était élevée, plus l'effet protecteur était important, au point de réduire de quatre ou cinq fois le risque.
«La littérature démontre que ça peut être fait de façon sécuritaire pendant les traitements, dans certaines circonstances, a dit Mme Gauvin. Surtout, encore là, ça dépend de l'évolution de l'impact des traitements sur les personnes, et on n'a pas toutes les réponses à ce niveau-là.»
On sait aussi que l'activité physique joue un rôle protecteur face à certains cancers et réduit le risque de diagnostic, rappelle-t-elle.
Et en cas de diagnostic, a dit Mme Gauvin, on peut supposer que les patients qui aborderont leurs traitements en disposant d'une meilleure capacité cardiorespiratoire s'en tireront un peu mieux que les autres.
Mais peu importe l'état de santé au départ, poursuit-elle, un individu sédentaire qui commence un programme d'activité physique ressentira inévitablement une certaine fatigue.
«C'est exigeant parce qu'il y a une surcharge de la capacité habituelle, a-t-elle rappelé. Et si en plus c'est jumelé à des traitements qui sont exigeants, ça devient difficile.»
Le défi est maintenant de s'assurer que les patients qui souhaitent améliorer, ou maintenir, leur forme physique dans le cadre d'un diagnostic de cancer auront accès aux ressources nécessaires pour le faire, a ajouté Mme Gauvin.
La littérature démontre qu'on a de meilleures chances d'avoir des effets qui sont très favorables si l'activité physique est encadrée, parce que les besoins de quelqu'un qui est en traitement pour un cancer ou qui a eu des traitements actifs pour un cancer sont assez particuliers et uniques, a-t-elle dit.
«Donc s'il y a un encadrement avec une progression qui est appropriée, on a plus de chance d'atteindre les objectifs favorables qu'on vise, comme une meilleure capacité respiratoire, une réduction de la fatigue et une amélioration de la qualité de vie», a conclu Mme Gauvin.
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Sur internet:
https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/Oncologie/INESSS_Cancer_activite_physique.pdf
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne
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