Au début de 2026
Santé Québec met en branle 26 projets pour réduire son nombre de cadres
Par La Presse Canadienne
Santé Québec s'active afin de réduire le nombre de cadres au sein de son organisation. La société d'État a identifié 26 projets de réorganisation dans différents secteurs administratifs, dont certains sont entamés, et d'autres se mettront en branle au début de 2026. D'ici deux ans, Santé Québec prévoit faire des économies de plusieurs dizaines de millions de dollars.
C'est ce qu'a expliqué en entrevue avec La Presse Canadienne, Vincent Lehouillier, vice-président Talent, Culture et Engagement chez Santé Québec. Il n'a pas chiffré précisément les économies qui seront réalisées avec les projets, justifiant qu'ils ont des niveaux d'avancement différents. Il a spécifié que chaque projet avait une cible de récupération financière, ce qui devrait totaliser à la fin quelques dizaines de millions de dollars.
«Il y a quand même des impacts sur les services de la population si la transition est mal planifiée. Donc, progressivement, à l'intérieur des prochains 18-24 mois, il y aura une grande partie de ces 26 projets qui vont s'actualiser», a indiqué M. Lehouillier.
Il reconnaît que dans certains secteurs administratifs de Santé Québec, il peut y avoir des dédoublements de postes. Dans ce contexte, certains postes pourraient être supprimés ou réorganisés, entre autres en invitant des personnes «à aller relever des défis dans d'autres secteurs».
Des employés avec une sécurité d'emploi
La première stratégie de Santé Québec est de procéder par attrition, puis dans un deuxième temps, de faire une réorganisation des secteurs administratifs. «Notre défi au niveau budgétaire, c'est que nos cadres ont quand même une permanence. On peut abolir des postes, mais abolir un poste pour nous n'amène pas nécessairement une économie à court ou moyen terme. C'est dans le temps que l'économie arrive, donc l'attrition est notre premier phénomène», a expliqué M. Lehouillier.
«S'il y a des cadres en surplus par rapport à nos besoins, on est capables de les amener vers des secteurs où il y avait peut-être des besoins un peu plus grands», ajoute-t-il.
Il donne un exemple de projet. En ressources humaines, un peu plus de 400 personnes travaillent en avantages sociaux et rémunération chez Santé Québec. Ces employés vont notamment s'assurer que les conditions de travail des infirmières et des préposés aux bénéficiaires respectent les conventions collectives.
«Ça, c'est un exemple d'une fonction où on s'est dit avec les établissements que comme nos conventions collectives sont les mêmes d'un établissement à l'autre, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de regrouper ça éventuellement et d'être capable à terme [...] d'harmoniser nos pratiques, mais aussi de réduire, à titre d'exemple, les éléments bureaucratiques autour de ça, de réduire dans le fond le coût autour de cette activité», détaille M. Lehouillier.
«Notre premier scénario, ce serait de le faire par attrition parce qu'on veut que ça se passe bien aussi en termes de continuité des services, mais pour la suite, c'est sûr qu'on vise une réduction de la bureaucratie par ce genre de démarche», poursuit-il.
Rectifier des «commentaires inexacts»
Dans un communiqué diffusé jeudi, Santé Québec dit vouloir faire une mise au point «devant certains commentaires inexacts sur le nombre de cadres à son emploi».
Depuis la création de Santé Québec en 2024, ce dernier est devenu l’employeur unique de 327 000 employés, répartis dans 30 établissements ainsi qu'à son siège social. Selon les chiffres partagés par Santé Québec, en date du 15 novembre 2025, la société d'État comptait 12 668 cadres, soit 189 de moins qu’à la même période l’an dernier.
Rappelons que le printemps dernier, au moment de renvoyer son bras droit Frédéric Abergel, la présidente et cheffe de direction de Santé Québec, Genevière Biron, avait dit vouloir alléger son organisation, affirmant que ces changements allaient réduire le nombre de cadres de 20 %.
La cible est loin d'avoir été atteinte, mais M. Lehouillier veut mettre de l'avant la vue d'ensemble. «Dans la transformation qu'on est en train de faire, il se peut qu'il y ait des activités, en particulier des activités administratives qui se déplacent d'une équipe à l'autre. Si on regarde une équipe ou un établissement ou notre siège social, on risque de perdre de vue le portrait global», dit-il.
Ce commentaire faisait écho à un article du Journal de Montréal publié récemment où l'on indiquait que le nombre de cadres qui travaillent au siège social de Santé Québec était passé de 258 à 357 entre le 31 mars et le 25 novembre derniers. M. Lehouillier a toutefois précisé que la sortie de Santé Québec jeudi ne vise pas à répliquer à un média en particulier.
«On entend et on lit beaucoup de choses, donc on ne peut pas répondre à un média plus qu'un autre, mais à ce moment-ci, on a plusieurs personnes qui nous ont interpellés et on pensait qu'il y avait lieu de peut-être venir préciser des éléments», a régit le vice-président.
Il fait également valoir que Santé Québec maintient à 4,23 % ses coûts considérés comme des dépenses administratives, ce qui est en dessous de sa cible de 4,66 %. Il souligne que les 26 projets vont permettre à Santé Québec de poursuivre la réduction du pourcentage de dépenses administratives, mais aussi de diminuer le nombre de gestionnaires dans l'ensemble de l'organisation.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne
