Sextorsion : un phénomène en explosion

Par Claudy Laplante-St-Jean
Une jolie femme aborde un homme sur la toile, lui demande de se dévêtir, de se masturber, puis menace de dévoiler la vidéo sur Internet si celui-ci ne lui verse pas d'argent. Depuis janvier, 17 dossiers ont été ouverts à la Régie de police Richelieu Saint-Laurent concernant l'extorsion sexuelle et la grande majorité d'entre eux l'a été très dernièrement, voire dans les dernières semaines, faisant de ce phénomène l'arnaque de l'heure sur le Web.
S'il y a plusieurs années, c'était les femmes qui se faisaient extorquer avec des promesses d'amour de la part d'étrangers et les enfants qui se faisaient prendre dans les filets des pédophiles sur Internet, ce sont maintenant les hommes qui sont visés.
« On a tellement parlé aux enfants de faire attention aux pédophiles avec des conférences, des émissions, qu'on n'a plus de dossiers concernant ce problème. On a, en quelque sorte, enrayé ce type de criminalité avec la prévention. Toutefois, on n'avait pas prévu que ça serait les hommes qu'on devrait protéger maintenant ! », lance le sergent Pierre Tremblay, porte-parole de la Régie de police Richelieu-Saint-Laurent à propos du phénomène relativement nouveau et en hausse dans la région.
Durant les 12 derniers mois, 24 dossiers ont été ouverts concernant l'extorsion sexuelle, dont 17 depuis janvier. De ce nombre, la majorité a été signalée très récemment.
« Ce sont des hommes entre 18 et 55 ans, certains sont même bien en vue comme des dirigeants d'entreprises. Les montants demandés varient entre 500 et 1 000 $. Sur les 24 dossiers, il n'y en a seulement qu'un qui a payé avant de nous appeler. Les autres l'ont fait tout de suite », indique le sergent en précisant que l'extorsion est un acte criminel passible d'emprisonnement.
De plus, 24 appels ont été faits à la Régie à propos du phénomène sans toutefois déboucher en plainte.
D'après M. Tremblay, le nombre de victimes totales de ce phénomène est difficile à chiffrer. « Combien il y en a qui ne porte pas plainte, par honte ? Est-ce qu'il y en a qui paye sans appeler ? Qui se font avoir ? On ne peut pas le savoir », ajoute le policier en invitant les victimes à appeler à la Régie pour mettre fin au stratagème.
Une illusion d'intimité
Le sergent tient à rappeler qu'Internet est un espace public, où tout ce qui est fait devient propriété du Web et peut être enregistré.
« En tout temps, il faut agir comme sur la toile comme si l'on était dans un espace public. Est-ce que tu déshabillerais dans un café en parlant à quelqu'un ? Même si chez toi, il fait noir dans ta chambre, ils peuvent être 500 à te regarder au bout de l'écran. C'est une illusion d'intimité que propose la Toile », déplore M. Tremblay.
L'extorsion sexuelle en chiffres
Dossiers criminels dans les 12 derniers mois : 24
Dossiers criminels depuis janvier : 17
Appels concernant l'extorsion depuis les 12 derniers mois : 24
Victimes totales : inconnu
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